Après avoir écarté le F.C. Rouen en demi-finales (3-1),
l'Olympique de Marseille s'adjuge la septième Coupe de France, au terme
d'une surprenante finale. Le Football Club de Cette (l'orthographe
actuelle est Sète), finaliste malheureux un an auparavant et grand
favori de cette confrontation méridionale, partait, semble-t-il, trop
confiant...
En demi-finale, Sète avait éliminé Le Havre
Dès le coup de sifflet final de Monsieur Fourgous, la foule, composée
de quelque 24.000 personnes, envahit littéralement la pelouse du Stade
Pershing.
Détail de la Finale
OM Sète de 1924
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Une pagaille indescriptible s'en suit. Les agents de
sécurité, censés protéger la tribune officielle présidée par Jules
Rimet (Président de la F.F.F.), sont aussi débordés qu'interloqués.
Ils ne sont pas les seuls. Les joueurs de Sète sont aussi abasourdis
qu'eux à cet instant précis ! Alors que tous les pronostics penchaient
très nettement en leur faveur, les Sétois s'inclinent durant la
prolongation, sur un joli coup franc de "Doudou" Crut
(3-2). Il reste alors moins d'un quart d'heure de jeu et les
coéquipiers de Cazal ne reviendront jamais la marque. |
Comment l'O.M., qui ne recense que peu de joueurs de renom
dans ses rangs, a-t-il bien pu vaincre une formation de Sète à la
réputation si forte ? Le journaliste dépêché sur l'événement par le
journal "Le Miroir des Sports" indique dans son résumé du 17 juin 1924
: "L'ardeur infatigable des Marseillais a eu raison de la science et de
l'expérience des Cettois, qui se sont laissés brouiller par le jeu des
adversaires moins bons footballeurs qu'eux". Le constat est sévère mais
juste.
Les Olympiens n'ont pas fait preuve d'une maîtrise technique
individuelle et collective égale à celle de leurs rivaux, mais ils ont
su compenser cette faiblesse par un formidable esprit de groupe et un
engagement farouche. |
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Alors que les Sétois privilégient le beau jeu, les Phocéens,
eux, se préoccupent peu de la manière, pourvu que le succès soit à la
clé.
Le positionnement ultra défensif de l'O.M. en fin de partie, un système
encore peu usité dans les années 20, a troublé son vis-à-vis et
certains puristes. Dans ce même article du Miroir, l'auteur parle
d'ailleurs de "méthodes originales. Ils (les Marseillais) laissèrent à
trois équipiers, Cabassu, Boyer et Crut, le soin de jouer au football,
de mener et de conclure les offensives (...).
Quant aux autres joueurs, ils se dépensèrent sans compter, ils mirent
tout en oeuvre pour se saisir du ballon, pour le repousser, pour
l'expédier loin, ils frappèrent, dégagèrent, centrèrent, shootèrent,
exercèrent leur activité à qui mieux mieux, dépensèrent leur énergie
sans ménagement". |
Peu classique en effet, mais terriblement efficace !
L'année 1924 correspond au premier sacre de l'Olympique de Marseille en
Coupe de France. Le premier d'une très longue série... Mais avant de
soulever le trophée, Jean Boyer doit encore patienter plusieurs minutes
car l'accès à la tribune officielle se révèle difficile, la foule se
faisant de plus en plus dense et pressante !
Malgré une nouvelle intervention du portier sétois, Laurent Henric,
devant les attaquants marseillais, les "Vert et Blanc" doivent déposer
les armes pour la seconde année consécutive en finale ! |
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BOYER (
Jean).
Né le 2 février 1901 à Vitry. 15 sélections de 1920 à 1929 (et 7 buts).
Vainqueur de la Coupe de France en 1919 avec le C.A.S.G., il l'enleva
trois fois encore avec l'O.M. (1924, 1926, 1927). |
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Capitaine malheureux de l'équipe marseillaise finaliste en
1934 il passa très près d'un record que Sommerlinck et Bathenay
devaient établir ensuite.
Grands chasseur de buts, cet avant-centre bulldozer fut aussi champion
de France avec l'O.M. en 1929, formant avec Devaquez et Crut, un trio
d'attaquants demeuré célèbre.
Il fut le premier Olympien international (en 1923). |
HUITIEMES DE FINALE
Saint Servan - Stade Bordelais : 1-0
Le Havre AC - SC Nîmes : 2-0
Sète - Red Star : 1-0
Rennes - RC Roubaix : 2-1
Stade Français - RCF : 4-2
O.de Paris - CASG : 4-1
Marseille - FC Dieppe : 4-1
FC Rouen - RC Rouen : 3-0
QUARTS DE FINALE
Le Havre AC - O.de Paris : 2-1
Sète - Rennes : 0-0 Sète qualifié sur tapis vert
FC Rouen - Saint Servan : 3-1
Marseille - Stade Français : 2-2 3-2 |
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DEMI-FINALES
Marseille - FC Rouen : 3-1
Sète - Le Havre AC : 1-1 Sète - Le Havre AC : 1-1 Sète - Le Havre AC :
2-0
FINALE le 13 Avril 1924 à Pershing
L'OM bat Sète 3 à
2 (2 - 1, 2 - 2)
29000 Spectateurs
Arbitre Monsieur Fourgoux
Buts Crut (3e, 110e) , Boyer (42e) , pour Marseille, Cazal (15e) ,
Torta (67e csc) pour Sète
OM De Ruynbecke R - Jacquier, Seitz - Blanc, Cabassu,
Torta - Michel, Boyer, Subrini, Crut, De Ruynbecke D
Sète - Henric, Granier, Hewitt, Parachini, Domergue,
Jourda, Cornelius, Cazal, Caballero, Dangles, Gibson |
Les souvenirs de Tonton Gascard.
"L'O.M. joue un match éliminatoire en décembre 1923, à Gap, il fait
très froid, le terrain est recouvert d'une épaisse couche de neige et
comme le temps n'est pas encore aux renvois de matches, on est bien
obligé d'en découdre avec les scouts gapençais, sous les clameurs d'un
public qui, comme tant d'autre, na cesse de villipender "ces vedettes
marseillaises, les Devaquez, Crut, Boyer, qui ne sont que des amateurs
marrons". Dans les rangs adverses, on remarque plus particulièrement le
demi centre qui, sans doute pour se protéger du froid, porte un casque
de rugby
Ainsi équipé, ce diable de bonhomme ne laisse rien passer.
A bout d'argument "Doudou" Crut s'en va trouver l'arbitre et lui dit :
"Si vous ne faites pas enlever son casque à ce gars-là, nous revenons
sur le terrain avec des équipements de hockey sur glace..."
Le scout ayant dû de la sorte se priver de son peu banal couvre-chef,
Crut et Boyer en furent tout aise pour inscrire, si mes souvenirs sont
exacts une bonne demi-douzaine de buts en seconde mi-temps.
Et cinq mois plus tard, l'O.M. gagnait la première de ses six Coupes de
France..." |
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