Un OM Fort et Vert: OM4ever se met au vert

Pour un OM Fort et Vert...
Interview de Yann Arthus-Bertrand (par Valérie Robert)

L'Histoire de l'OM s'étale sur plus de 120 ans
Il y a tout juste cent ans, en Juin 1921, l'OM s'était imposé en finale du Championnat de Provence contre les Sports Athlétiques Provençaux sur le score de 4 à 0
Avec deux doublés de Jacquier et Séguy
Le Petit Provençal avait commenté ainsi la partie :
La belle rencontre a tenu ce qu ’elle promettait. Un public nombreux assistait à ce match tant attendu. Mais trop de bruit accompagnait les phases de la partie ....".
L'équipe de l'OM BARBAROUX - SEITZ, WILCOX - H. SCHEIBENSTOCK, PLACIDI, GARONNE - SÉGUY, COTI, JACQUIER, GIRAL, KNIGHT.

L'Histoire, elle, va continuer à s'inscrire dans le temps, d'autres joueurs, d'autres entraîneurs et d'autres titres de gloire vont s'ajouter à la légende Olympienne.... et dans cent ans, en 2121, nos enfants continuront à la faire vivre....

Interview de Yann Arthus-Bertrand (par Valérie Robert)

Comment est née votre conscience écologique ?

Par amour. J’ai eu la chance de rencontrer, à 20 ans, une femme dont je suis tombé amoureux. Elle était passionnée par la nature et, avec elle, j’ai compris où était ma voie. Ensemble, nous avons créé une grande réserve biologique. Dans les années 70, la conscience écologique n’avait rien à voir avec celle d’aujourd’hui. Là, l’espèce que l’on protège, c’est l’homme, alors qu’à cette époque on parlait des rhinocéros, des éléphants… Je ne connais personne désormais qui ne soit pas inquiet pour l’avenir.

Quel est votre geste accessible au quotidien ?
J’en ai marre de donner des conseils que personne n’écoute mais que tout le monde connaît par cœur. Ce qui est important, c’est de se renseigner sur ce qui se passe, de croire en ce qui arrive. Ça se voit que Greta Thunberg a bien compris : elle a la souffrance de ceux qui savent. Quand tu sais ce qui se déroule vraiment, tu n’es plus jamais le même et tu ne peux plus continuer à vivre de la même façon. Le monde de demain est très angoissant et l’on peut tous agir, chacun à sa manière. On fait des efforts pour ses enfants, pour ceux que l’on aime. Avoir cette conscience amoureuse du monde est primordial.

Un slogan pour une planète plus écolo ?
Ça serait un monde où la bienveillance, la gentillesse, l’honnêteté, l’éthique et la morale sont devenues importantes. Nous avons perdu 80 % des insectes volants en France. Quand je pêchais avec mon grand-père, il y avait des sauterelles, mais là, on n’en voit plus où j’habite. Dans mon film Legacy, on explique bien l’intelligence de l’homme et tout ce qu’il a réussi à faire. Alors pourquoi ne met-on pas cette intelligence au service d’un but supérieur qui est de sauver la vie autour de soi ? Ce qui signifie, bien sûr, sauver aussi nos petits-enfants, il ne faut pas l’oublier. En 2070, autrement dit demain, trois milliards de personnes ne pourront plus vivre dans la région subtropicale. Ça va aller vite, les années à venir vont être compliquées.

Votre frigo est-il 100 % bio ?
J’essaie. Je suis un bon client des Biocoop, j’ai les moyens, je suis un privilégié. A 30 ans, quand j’ai découvert un supermarché, j’ai trouvé ça génial ; maintenant, ça me dégoûte presque. Il faut que l’on apprenne tous à vivre mieux avec moins.

Quel geste non écoresponsable ne parvenez-vous pas à changer ?
Je ne vais pas dresser la liste de tout ce que je fais qui n’est pas écolo ! J’habite une trop grande maison, je la chauffe un peu trop… Je vis à la campagne, alors j’ai tendance à prendre mon ordinateur et à acheter bêtement sur Amazon. Mais, quand je peux éviter, je vais à la librairie de mon village. Le confinement nous a ramenés à l’essentiel : on a vécu avec moins de choses, on a acheté à côté de chez soi, on a eu conscience de la mort, on a eu le temps de réfléchir. Je pense que le monde ne sera plus le même, car on a tous réfléchi et notre façon de vivre a changé.


Quel message auriez-vous pour les enfants ?
Aucun. Ou seulement : pardon.
Après avoir regardé Legacy, ma tante de 92 ans m’a juste demandé : « Est-ce qu’ils vont nous pardonner ? »
C’est un peu ça, le message.
Que diront nos enfants dans vingt ans ?
Que l’on n’a rien fait ? Ou bien que l’on a été extrêmement courageux ?
Cela implique un changement de civilisation, et j’ai bien conscience que c’est très complexe.
Quel rapport entretenez-vous avec la nature ?
Pour moi, il n’y a pas d’un côté la nature et, de l’autre, l’homme. Dans la nature, je suis moi et en ville, j’ai l’impression de ne pas l’être. Tout est et vient de la nature. Elle est partout. Pendant le confinement, je me suis beaucoup promené dans la forêt. Je me suis aperçu que je partais au bout du monde chercher la beauté, alors qu’elle existe à 50 mètres de ma maison. Or cette beauté qui nous entoure, on ne la regarde plus. C’est sûr que je me sens mieux à marcher dans l’herbe que sur du goudron. J’aime pisser dehors, par exemple ! Chez moi, je ne tire jamais la chasse et ça énerve tout le monde, mais je trouve qu’il n’y a rien de plus idiot que de foutre en l’air de l’eau potable. En ce moment, je suis en train de créer une réserve de « rewild », afin de réintroduire de la vie sauvage avec des cerfs, des sangliers, des renards. Je suis content.

« Il faut avancer, croire que l’on peut changer le monde. »

Planète rime avec ?
Amour. C’est la seule énergie durable. Je dis souvent qu’une femme est capable de tout faire pour sauver ses enfants. Quand on aura tous une conscience de l’amour de la vie aussi forte que celle que l’on a pour nos enfants, on pourra changer le monde. J’y crois beaucoup. J’ai 74 ans, je suis à la fin de ma vie et j’ai l’impression de l’avoir bien remplie. J’ai fait ce que j’aimais, je ne suis pas inquiet. On a tous peur de la mort, bien sûr, mais je ne me pose pas la question. J’avance et, quand on construit, que l’on essaie d’entreprendre, cela nous évite de penser à tout cela. Il faut avancer, croire que l’on peut changer le monde. Sûrement que l’on n’y arrivera pas, mais ce n’est pas grave.

Qu’aimeriez-vous dire à la Terre pour la réconforter ?
Mais elle s’en fout, la Terre, elle va continuer à tourner sans nous ! Les scientifiques nous parlent quand même de la sixième extinction qui est en train de se produire. Je suis toujours étonné que l’on ne veuille pas regarder la réalité en face. Or il n’y a pas de vaccin contre le dérèglement climatique. Alors, ce qui compte, c’est ce que l’on fait aujourd’hui.
Se battre pour un monde meilleur te rend meilleur aussi.