Raymond Kopa nous a quitté

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Raymond Kopa nous a quiité, il restera le symbole du football des années 50.
Les Obséques ont lieu ce mercredi à 14h30 à Angers en la cathédrale Saint-Maurice.
Raymond Kopa fut sacré Meilleur Joueur de la Coupe du Monde 1958.
Il était à ce moment-là à l'apogée de sa gloire.
Né à Noeud-les-Mines en 1931, il commença sa carrière au SCO d'Angers avant de jouer au Stade de Reims à partir de la saison 1951/52.
Champion de France en 1953 et 1955, il fut l'incarnation du grand Reims.
Il rejoignit le Real de Madrid en 1956 et remporta 3 Coupes d'Europe sous les couleurs madrilènes.
De retour à Reims, il fut à nouveau deux fois Champion de France en 1960 et 1962.
Il eut le courage de dénoncer le contrat des joueurs professionnel non pas pour lui-même mais pour ses pairs et se retrouva critiqué et suspendu par les instances fédérales.
Grâce à lui, bien des joueurs professionnels d'aujourd'hui bénéficie du contrat à temps.
Raymond Kopa termina sa carrière à Reims avant de se retirer à Angers où il est décédé.
Il demeura le plus grand joueur Français jusqu'à l'avènement de Michel Platini et de Zinédine Zidane.

INTERVIEW RAYMOND KOPA – 22 juillet 2010 –

Raymond, à Reims, Madrid, ou en équipe de France, vous avez incarné « le beau jeu » : pourriez-vous le définir ?
D’abord, il faut des joueurs de valeur, dotés de quatre qualités : l’intelligence du jeu, la précision technique, des qualités physiques et morales. Et le football est un jeu collectif : j’ai eu la chance d’avoir dans ces équipes de grands partenaires. C’est un ensemble : il fallait que mes coéquipiers « vivent le jeu » avec moi ; avec Justo Fontaine, c’était une entente parfaite ; nous avions besoin l’un de l’autre. On m’a souvent reproché de trop garder le ballon, mais c’était pour créer des occasions de buts.
Quel regard portez-vous sur le Mondial 2010 ?
Eh bien, le beau jeu, c’est ce qui a manqué ! (rire)
C’est bien que l’Espagne ait gagné, non ?
Ouais… je ne suis pas contre, mais elle a gagné petitement, en marquant 7 buts seulement. Ses joueurs ont la valeur technique, mais la finition a été moyenne. J’ai été content quand l’Allemagne a battu l’Argentine, qu’on avait surestimée. C’est bien ce qu’ils ont fait, mais ce n’est pas une super-équipe, peut-être une bonne équipe à venir. Ils n’ont pas joué que de bons matches.
Passons à l’équipe de France : qu’avez-vous pensé de ce qui s’est passé ?
J’ai pensé comme tout le monde : on n’a rien vu question football, et puis leur comportement ! Les journaux en ont profité, et mis des gros titres en « une », pour vendre du papier.
J’espère qu’on laissera suffisamment de temps à Laurent Blanc pour constituer un ensemble meilleur qu’au Mondial, sans lui demander des résultats immédiats. Car vous savez, en 1958 on était une génération de très bon niveau, et il a fallu attendre 20 ans pour en retrouver une autre [celle de Platini –NDLR].
Un autre élément nous inquiète : les propos de dirigeants de clubs professionnels, qui veulent prendre le pouvoir dans la 3F au détriment du football amateur…
Non, je ne m’inquiète pas trop… Il doit y avoir communion entre les amateurs et les pros : on vient tous des rangs amateurs. C’est le réservoir pour trouver les bons joueurs.
Vous dites dans votre livre que vous aviez « l’esprit syndicaliste »…
Si vous voulez, j’ai une nature « syndicaliste ». Quand on me met en évidence, je dis toujours que j’ai eu la chance d’avoir avec moi des ensembles de grande qualité ; alors j’ai cherché à défendre mon entourage. Je l’ai fait dans l’intérêt général, je ne pouvais admettre que les dirigeants de l’époque puissent vous vendre sans votre avis.
Vous voulez parler du fameux article de 1963 « Les joueurs sont des esclaves » ?
Oui. Au Réal de Madrid, j’avais pu négocier un contrat de 3 ans, mais c’était une exception. Après cet article, beaucoup de dirigeants n’étaient pas contents, une bonne partie de la presse était contre moi, mais j’avais raison…
Avec « l’arrêt Bosman » de 1995 [dérégulation totale des transferts par la Cour de justice européenne – NDLR], n’a-t-on pas tordu le bâton dans l’autre sens ?
Oui, il ne faut pas tomber dans l’excès inverse. Je suis d’accord pour qu’un joueur gagne bien sa vie, car une carrière sportive est courte. Il y a quand même une démesure dans les salaires. Et puis quand je suis parti au Real, en gagnant certes dix fois plus qu’en France, c’était pour jouer dans la meilleure équipe du monde ! C’était d’abord un objectif sportif, ce qui n’est pas le cas de nombreux joueurs aujourd’hui. J’y suis allé pour me faire plaisir, et faire plaisir aux spectateurs, qui nous payaient par leur billet ; ce n’était pas la télévision et la publicité.

Propos recueillis par Loïc Bervas


Début à Angers en 1951 (3eme debout)