Rolland Courbis est né le 12 août 1953 à Marseille.
Il joua au poste de défenseur central de 1972 au milieu des années 1980.
Formé à l'OM avec qui il fut champion de France en 1972, en jouant quelques matches dans la grande équipe de Skoblar et Magnusson, il s'imposa ensuite notamment à Sochaux et à l'AS Monaco, où il remporta deux nouveaux titres de champion en 1978 et 1982, puis finit sa carrière au Sporting Toulon.
Devenu entraîneur, il dirigea d'abord Toulon, puis les Girondins de Bordeaux, l'Olympique de Marseille, avec qui il fut finaliste de la Coupe UEFA en 1999, et deuxième du championnat qu'on lui vola un peu un certain soir au Parc des Princes dans un curieux PSG - Bordeaux.
Puis ce fut l'AC Ajaccio, le Montpellier HSC et l'USM Alger et enfin à nouveau Montpellier où avec Louis Nicollin, il n'a pas l'occasion de s'ennuyer.
Sacré Rolland, on t'aime bien, tu sais, et au vélodrome, tu seras toujours
le bienvenu.
Pour mémoire, on reproduit son interview de 1999, une belle année pour
lui à l'OM, où il méritait bien mieux que sa deuxième place du Championnat. |
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Rolland Courbis, tu as la réputation d'être critique, mais le serais-tu
autant si tu entraînais un autre club que l'OM ?
"Quand je critique, j'essaie aussi d'apporter une solution, et mon objectif c'est d'être positif. Le foot, c'est ma vie depuis que je suis tout gosse, ça l'est encore, et je me dis que le jour où je disparaîtrai, mon passage aura servi à quelque chose. Je ne suis pas animé par un esprit de contradiction. Je ne critique pas pour le plaisir, je note seulement qu'il y a des anomalies et je les soulèves. J'ai connu différentes situations en tant qu'entraîneur. J'ai dirigé Toulon, Endoume, Bordeaux, Toulouse, j'ai joué le maintien, la montée, la descente, l'Europe..
Je serais le même si j'entraînais n'importe quel autre club. Maintenant,
si j'exerçais ailleurs, peut-être que je serais perçu d'une autre manière."
Pour quelle raison ?
"Parce que Marseille, c'est, et de loin, le club le plus populaire du pays. Le nombre de gens qui m'accostent dans les aéroports, qui m'interpellent dans la rue, où que je sois, depuis un an et demi, pour me poser des questionsest dix fois plus élevé par rapport à l'époque où j'entraînais Bordeaux, qui est pourtant un grand club, avec une histoire, des structures.
Parfois, j'ai même l'impression d'avoir changé de métier, alors que je
pense être toujours le même.." |
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Es tu tenté par une expérience à l'étranger?
"Si je n'avais pas eu la chance d'avoir entraîné deux des clubs les plus
prestidigieux du pays, j'aurais une ambition supplémentaire. L'objectif
dans la vie, c'est quand même d'être heureux. Et moi, à l'OM, je suis un
homme heureux ! Mais les semaines, les mois, les années défilent et je
ne sais plus ce que c'est que prendre un poisson à la palangrotte ou partir
huit jours au ski. J'aimerais en profiter un peu avant de mourir d'un infarctus
sur ma chaise au Vélodrome. Ca a continuer un anou deux, ou trois, je l'ignore mais la cinquantaine arrive à grands pas."
Dans quel domaine penses tu pouvoir encore progresser ?
"On progresse à tout âge. Mais que ce soit dans le domaine physique, athlétique, de la préparation, il ne reste plus que des petits réglages à effectuer. On peut toutefois apprendre dans tous les secteurs en s'intéressant à ce qui se fait dans d'autres sports : en tennis, au hand, au basket, au water-polo, notamment dans la gestion du groupe. En match, pour surprendre l'adversaire, il faut toujours essayer de varier. Nous disposons de trois schémas différents, plus la possibilité de faire trois changements." |
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Y-a-t-il des entraîneurs qui t'ont spécialement marqué ?
"J'ai eu la chance de rencontrer, il y a une quinzaine d'années, Tomislav Ivic. Il y a les pour et les contre, mais, pour moi, Ivic, c'est un formateur -ce que je ne suis pas-, un éducateur, un gars qui a réussi à entraîner dans différents pays. C'est clair, il m'a fait gagner beaucoup de temps. Pouvoir discuter avec lui, comme avec Capello ou Lippi, ou, auparavant, avec Kovacs que je voyais souvent à Monaco, ce fut un vrai bonheur. "
Et parmi tous les entraîneurs que tu as eus en tant que joueur ?
"Mario Zatelli. Il avit vingt ans d'avance. C'est le premier que j'ai vu discuter par groupes de deux ou trois, par secteurs de jeu, une méthode que j'ai reprise à mon compte. Zatelli avait un sens de la psychologie très développé. Il fallait le voir gérer le cas de Magnusson qui détestait les séances physiques. Avec d'autres, que je ne nommerai pas, on serait allés tout droit au clash." |
Quel avenir pour l'OM? (Janvier 1999)
"Il y a eu une époque où il suffisait de recruter les meilleurs Français
et trois bons étrangers pour avoir la meilleure équipe de France.
Ce n'était plus vrai quand Robert Louis-Dreyfus est arrivé.
Même si, comme moi, il est de passage dans le foot, il aura au moins réussi celà : créer dans ce club les infrastructures qui lui manquaient.
J'espère que cela donnera envie à de gros investisseurs de venir dans le football et de poursuivre le travail entrepris. Sinon, l'OM redeviendra une équipe moyenne et pointera entre la septième et la douzième place du Championnat et n'aura aucune chance de rivaliser avec le Real ou l'Inter." |
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Tu ne regrettes rien de ta carrière de joueur?
"Quand j'étais petit, je ne me voyais pas jouer sous un autre maillot que
le maillot blanc. Forcément, j'ai dû oublier le côté affectif, sinon j'aurais
mis un terme à l'âge de vingt ans. C'est vrai, j'ai privilégié l'aspect
financier. Si c'est laid, tant pis. Non, je ne le regrette pas et je n'en
ai pas honte."
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Selon toi, Robert Louis-Dreyfus compte-il déjà parmi les grands présidents
de l'OM ?
"Ces vingt dernières années il y a eu trois grands présidents : Leclerc,
Tapie et Louis-Dreyfus.
Les deux premiers ont connu les sommets, puis la catastrophe. Le troisième tente d'enrayer cette fatalité."
Est-ce cela qui a motivé ta décision de rester à l'OM cette saison ?
"J'étais venu pour un bail d'un ou deux ans. Aujourd'hui, mon objectif est
de devenir l'entraîneur qui battra le record de durée sur le banc, ou plutôt
sur la chaise que j'occupe au Stade-Vélodrome, et de maintenir le club
durablement au plus haut niveau."
Malheureusement, Rolland ne finira pas la saison suivante (1999/2000) et sera remplacé par Casoni, dommage, Rolland à l'OM ça avait de la gueule.
Tout l'interview dans om4ever réalisé en 1999 |