OM Olympique de Marseille

Saison 1929-1930 Sète Vainqueur

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Après trois échecs en finale de la Coupe de France en six ans, le FC Sète semble maudit.
A nouveau en finale en 1930 contre le Racing Club de France, les Sétois, vainqueurs trois buts à un, ne laissent pas passer leur chance d'inscrire à leur palmarès ce trophée tant convoité.
Au cours des années 20, le FC Sète est un habitué malheureux des finales de la Coupe de France.
Les Provençaux échouent lors de leur première, le 6 mai 1923, face au Red Star (4-2). L’année suivante, le 13 avril 1924, ils passent près de la victoire contre leurs rivaux de l'Olympique de Marseille (3-2).
Leur troisième tentative, le 5 mai 1929, est à nouveau infructueuse.
Pourtant favoris, les Héraultais perdent le derby contre leurs voisins Montpelliérains (2-0).
Il en faut plus pour décourager cette équipe qui débute l'année 1930 avec la fervente intention de rapporter enfin dans l'Hérault ce trophée. Pour réaliser cet objectif, le président de Sète renforce son équipe par l’arrivée des attaquants Gustave Dubus et Alexandre Friedmann et du milieu Ljubisa Stevanovic. Le projet prend bonne forme dès les 32èmes de finale où les coéquipiers de Raoul Durand remportent un large succès face au SC Saint-Etienne (8-0).

Record de durée, Bischheim et le C.A. Montreuil durent jouer quatre matches (450 minutes) pour se départager (20-, 3-3, 4-4, 3-2 !)
C'était qu quatrième tour.
Le FC Dieppois (2-0) en seizièmes, puis Mulhouse (3-2) en huitièmes ne résistent pas non plus à leur détermination
Aux tours suivants, le hasard du tirage au sort permet aux méditerranéens de prendre leur revanche sur les deux clubs qui les ont privés de la victoire finale par le passé. Montpellier, le bourreau de l’année précédente, est écarté en quarts (4-1) tandis que Marseille subit un sort identique en demi (3-0).
Pour la quatrième fois en sept ans, les Sétois atteignent le dernier acte. Le RC de France en se débarrassant d’Amiens dans le dernier carré (3-1) les rejoint à Colombes.
Ce 27 avril 1930, trente cinq mille spectateurs garnissent les tribunes du Stade Yves du Manoir. La foule composée à grande majorité de supporters Parisiens a la joie d'assister à l’une des plus captivantes finales de l’histoire. Les joueurs du Racing ouvrent la marque à la 80ème par l’intermédiaire de leur attaquant Hongrois Lhottka.
Menés 1-0 à la 88ème minute, les sétois entrevoient le spectre d'un nouvel échec avant que Friedmann ne les soulage en égalisant d’un tir croisé à ras de terre. Galvanisés, les Languedociens font la différence en prolongation, sur des joueurs de la capitale épuisés. Ivan Bek délivre ses partenaires grâce à un doublé victorieux (94ème, 111ème). Sète tenace, remporte son pari.
Georges Bayrou, l'homme qui a "fait" le FC Sète, n'assistait jamais aux matchs de son équipe.
Il décida de faire exeption à la règle pour cette finale, mais en deuxième période (0-0 à la mi-temps), c'était trop dur pour lui et il rejoigna les vestiaires.
Le match ira à la prolongation (1-1 à l'issu du temps réglementaire), et Sète remporta sa première Coupe de France.
Georges Bayrou, dans le train du retour, posera la Coupe en face de lui, mais le contrôleur ne le voit pas d'un bon oeil.
Il lui demande de la placer dans les filets prévus pour les bagages ou de payer un ticket. Il va sans dire que Georges Bayrou paya un ticket...
HUITIEMES DE FINALE
Amiens - RC Roubaix : 1-0 (ap)
Sète - Mulhouse : 3-2
Marseille - Belfort : 6-0
Saint Raphaël - CA Metz : 1-0
RCF - O.Lillois : 2-1
CA Paris - La Bastidienne : 5-1
SO Montpellier - Red Star : 2-1
Dunkerque - Cannes : 0-0 puis 3-2
QUARTS DE FINALE
Sète - SO Montpellier : 4-1
Marseille - Saint Raphaël : 1-0
RC France - CA Paris : 3-1
Amiens - Dunkerque : 2-1
DEMI-FINALES
Sète - Marseille : 3-0
RC France - Amiens : 3-1
FINALE le 27 Avril 1930 à Colombes
Sète bat le Racing 3 à 1 après prolongations (0-0, 1-1)
35000 Spectateurs
Arbitre Mr Conrié
Buts : Lhottka (80) pour le Racing Club de France, Fridmann (88), Beck (94, 111) pour Sète
Sète - Frondas - Skiller, Chardar - Cazals, Stefanovitch, Féjean -Lucibello, Beck, Dubus, Friedman, Durand-
Racing Club de France -Tassin - Anatol, Capelle - Guezou, Gautheroux, Villaplane - Veyssade, Ozenne, Lhottka, Veinante, Galey -
Témoignage Gustave Dubus, international, vainqueur de la Coupe avec Sète en 1930 comme avant-centre
"Je suis catholique pratiquant, affirme Dubus.
Avant une rencontre importante de Coupe de France, j'assistais à la messe pour demander au Sauveur de nous mener à la victoire.
Ce jour-là, il y avait beaucoup de monde à cette messe et du beau monde féminin..
Le dimanche suivant, Sète devait rencontrer le F.C. Mulhouse en huitièmes de finale à Colombes.
Je priais ou du moins je le croyais, lorsque je vis le curé de la paroisse de Sète se pencher ves moi (j'avais vingt ans !) pour me dire :
"Dubus pense au Créateur, et non pas aux créatures... et pense aussi à la Coupe de France !"
"Le F.C. Sète fut le premier club français à trouver la formule de la "mise au vert" de ses joueurs avant un match important, ajoute encore Dubus.
La semaine qui précéda la finale 1930 à Colombes contre le Racing Club de France, notre regretté Georges Bayrou nous trouva une retraite à Brunoy.
Tous les joueurs étaient là (nous avions fait la saison à onze joueurs seulement et avions eu la chance d'éviter les blessures), Bayrou avait cependant prévu un remplaçant notre camarade Durand qui avait joué toute la saison en réserve.
Bien lui en prit.
Nous avions dans notre équipe un excellent joueur, Dormoy, qui était toujours taciturne.
Dans cette semaine qui précédait la finale, il l'était encore devantage. Il s'était plaint à notre entraîneur Sydney Regan ; il pensait que tous les joueurs lui en voulaient, parlaient mal de lui en aparté, le détestaient en quelque sorte, ce qui était absolument faux et nous peinait beaucoup.

Cette manie de la persécution imaginative devait aller au drame.
Le vendredi matin, avant-veille de la finale, tout le monde était présent au petit déjeuner, sauf Dormoy !
On le chercha partout... il resta introuvable... On enquêta et l'on s'aperçut qu'il avait fait le mur pendant la nuit, emportant toutes ses affaires.
Ce fut la panique : l'équipe de onze était réduite à dix ! On chercha partout : pas de Dormoy. Alors conseil de guerre avec Bayrou, Rega, Beck, Cazals et autres...
Finalement la seule solution possible fut adoptée : Durand jouerait à la place de Dormoy. Et pour son seul et unique match en première au F.C. Sète il joua la finale de la Coupe de France.
Avouez que c'est cocasse ! Et qui plus est, c'est lui qui permit par une passe judicieuse à Friedman, dit "Loui Perdigaou" (parce qu'il portait des chaussures rouges comme les pattes de la perdrix) d'égaliser une minute avant la fin du match que nous devions gagner en prolongation par 3 à 1.
Dormoy fut retrouvé quelques mois plus tard... au Maroc !