C’est l’Angleterre qui a le privilège d’organiser la Coupe du Monde du
11 au 30 juillet 1966.
Depuis sa naissance en 1930, la Coupe du Monde de la FIFA a grandi pour
devenir le tournoi international le plus important du monde.après les Jeux
Olympiques.
La Grande-Bretagne qui, longtemps, avait boudé la Coupe du Monde, accueillait
enfin les acteurs de la plus grande kermesse du football, 352 acteurs et
2 millions de spectateurs pour 32 matches en trois semaines, tel était
en chiffres ce que l'on pourrait apprécier.
Soixante-sept pays étaient en concurrence pour quatorze places, deux étant
attribuées d'office au pays organisateur, l'Angleterre, et au tenant du
titre, le Brésil.
Les tournois éliminatoires allaient faire des victimes de marque : la Belgique,
réputée l'une des meilleurs formations d'Europe, se vit évincer en match
d'appui par la Bulgarie.
Ce ne fut pas la seule victime.
La Suède, finaliste en 1958, la Tchécoslovaquie, finaliste cette même année,
furent également éliminées : de même l'Ecosse, l'Irlande du Nord, l'Eire
et le Pays de Galles.
Dans cette Coupe du Monde, aucune innovation depuis 1958 : il n'était en
effet plus question de s'en tenir à la formule d'élimination directe qu'avaient
préconisée les Français Jules Rimet et Henry Delaunay.
En effet, avec ce système qui fut appliqué en 1934 et en Italie en 1938
en France, on organisait seize matches. Compte tenu des frais considérables,
c'était notoirement insuffisant. On poursuivait don l'application de la
formule de quatre groupes éliminatoires de quatre matches au sein desquels
chaque pays rencontre ses trois concurrents. Un classement est établi et
les deux premiers de chaque groupe sont qualifiés pour les quarts de finale
puis intervient l'élimination directe.
Côté spectateurs, l'Angleterre se nourrissait pas de complexe. Elle possédait
de nombreux stades capables d'accueillir des foules considérables. Les
Britanniques durent néanmoins moderniser leurs terrains, la plupart de
ces derniers étant prévus avec de très nombreuses place debout.
Que dire des participants ? Pour les bookmakers, le grand favori était
le Brésil, suivi d'assez près par l'Angleterre. Ces deux noms le plus souvent
cités, venait ensuite l'Allemagne dont on vantait l'application, la puissance
physique et la minutie de préparation.
Quant à la France, le sort la plaçait dans le groupe A, celui de l'Angleterre
et de l'Uruguay. Avec une participation aussi relevée, il n'était pas question
pour elle de prétendre à la victoire finale. Les tricolores avaient fait
retraite à Peebles en Ecosse et l'entraînement se vit sévèrement étoffé
sous la férule du trio Guérin-Jasseron-Domergue. Une ombre au tableau :
le Nantais Bernard Blanchet devait quitter l'équipe de France, souffrant
d'une distension des ligaments internes du genou. Un autre Nantais, en
revanche, dissipait les inquiétudes :Philippe Gondet, le leader de l'attaque,
ne se ressentait plus de sa blessure aux adducteurs.
Le ton de la Coupe du Monde 1966 était donné par Stanley Rous :
- Je veux voir, avait-il dit, pendant le tournoi final, un football intelligent,
habile, attractif et qui sera un spectacle exemplaire pour les foules anglaises,
pour les visiteurs étrangers et pour les quatre cents millions de téléspectateurs.
Ainsi, devant les musiques des grenadiers de la garde, de la garde écossaise,
de la garde irlandais, de la garde danoise et des Coldstream Guards, c'et-à-dire
toutes les musiques de la brigade de la garde de Sa Majesté réunies en
une fanfare de plus de quatre cents musiciens pour exécuter l'hymne national
commençait le match d'ouverture à Wembley,
Uruguay-Angleterre. On s'attendait à un match passionnant : les spectateurs,
au contraire, furent déçus. Les deux formations jouèrent prudemment, trop
sans doute, le résultat (0-0) en faisant foi.
Dans ce même groupe, la France affronte le Mexique. Les Mexicains ont une
revanche à prendre. La dernière fois que ces joueurs opérèrent en Angleterre,
leur équipe fut écrasée par 8 buts à 0. On pleura dans les vestiaires.
Depuis, la vengeance flottait dans l'air. Le match ne tiendra pas ses promesses.
Les Français pratiquent le béton, les attaques sont trop isolées et le
match se termine par un score nul 1 à 1.
Les Français se voient déjà barrer la route des quarts de finale car l'Uruguay,
l'adversaire suivant, n'est pas facile. Sans convaincre, les Sud-Américains
l'emporteront par 2 à 1,les Mexicains de leur côté n'étant battus que 0-2
par les Anglais.
Ce sera le même score qui sanctionnera la rencontre Angleterre-France.
Les Français ont fourni une belle prestation, allant jusqu'à faire trembler
l'Angleterre malgré deux blessés, Herbin et Simon. Néanmoins ils plient
bagage. La Coupe du Monde est terminé pour eux.
Cette Coupe 1966 n'apparaît décidément pas placée sous le signe de l'offensive
: l'Argentine bat l'Espagne 2 à 1, la première formation faisant match
nul 0-0 avec l'Allemagne. La violence fait son apparition au cours de ce
match : l'Argentin Albrecht agresse l'Allemand Weber. Peu de temps auparavant,
c'est l'Allemand Overath qui bousculera sérieusement Gonzalès.
La surprise viendra du groupe D avec un nouveau venu la Corée du Nord.
Stanley Rous avait prévenu :
- Les Coréens du Nord sont capables de provoquer la plus grosse surprise
du tournoi. Peu importe que les Coréens aient accédé au tournoi final en
en jouant que deux matches contre l'Australie, le fait est qu'ils jouent
extrêmement bien, sont entraînés par des Russes et qu'ils m'ont considérablement
impressionné chaque fois que je les ai vus en action.
C'était une prophétie.
Les joueurs coréens, tous soldats et célibataires, allaient vaincre l'Itallie
par 1 à 0. L'affaire se règle en trois minutes. L'attaquant italiens Bulgarelli,
blessé, quitte le terrain, les Italiens sont désorganisés et les Coréens
vifs, malins et adroits marquent. Quelle humiliation ! L'Italie est renvoyée
dans ses foyers. Son retour est mouvementé.
Dans le groupe C, le Brésil, l'un des favoris, entre en action. Circonstances
étranges, ce sont des arbitres britanniques qui vont diriger les débats.
Ils laisseront ainsi sous les yeux des spectateurs le Bulgare Jetchev se
livrer durant toute la partie à des brutalités flagrantes envers Pelé.
Les Brésiliens s'en sortent avec une victoire (2 à 0) mais Pelé est hors
de combat. Il ne pourra affronter la Hongrie.
A sa place Tostao n'aura qu'un rôle effacé et les Européens l'emporteront
par 3 à 1 après un match d'une correction exemplaire et d'une haute valeur
technique.
Le jeu offensif a fait son entrée et les attaquants Hongrois Ferkas, Bene,
Meszoli et Albert ont eu raison de la résistance sud-américaine qui se
voit ensuite opposée au Portugal.
Nouvelle malchance des Brésiliens et nouvelle agression cett fois face
à Manga, gardien brésilien, de la part de l'arrière portugais Morais qui
le met hors de combat en s'y prenant à deux fois pour le frapper au genou.
Il fauchera également Pelé qui a fait son entrée.
L'entraîneur brésilien Feola a d'autre part changé sept joueurs avant la
rencontre, ce qui n'a guère arrangé les choses.
Bien au contraire battu 1-3, le Brésil disparaît de la compétition.
Uruguay et Argentine se sont de leur côté qualifiés, le Chili, en revanche,
si brillant en 1962, se voit impitoyablement éliminé bien qu'ayant tenu
en échec les mystérieux Coréens du Nord. Les Argentins vont rencontrer
sur la pelouse de Wembley les Anglais, tâche redoutable d'autant que les
joueurs sud-américains n'ont pas eu le droit, au préalable, de tâter la
pelouse du terrain et qu'au bout d'une demi-heure de jeu l'arbitre allemand
M. kreitlein prend la décision étonnante, voire ahurissante, d'exclure
du terrain le capitaine argentin Rattin qui lui avait demandé des précisions
sur une décision qu'il jugeait trop sévère.
Rattin refuse de quitter le terrain et le match est interrompu durant sept
minutes. Les Argentins sont consternés : Rattin apportait sa présence,
sa personnalité et l'on avait un peu l'impression que les matches se jouaient
toujours autour de lui. Élégant et efficace, c'était l'homme des grandes
batailles.
L'Argentine, cependant, continua à jouer à dix et, pour couronner l'ensemble,
encaissera un but entaché de hors-jeu. Ce sera le seul but du match. Les
Sud-Américains sont furieux. Il faudra protéger l'arbitre à l'issue du
match.
Geoff Hurst avait qualifié l'Angleterre contre l'Argentine.
Il sera le buteur de la Finale.
On s'étonnera alors de la décision de la commission de discipline qui frappera
lourdement la Fédération argentine : forte amende, suspension de trois
de ses joueurs et assurance de la bonne conduite des joueurs et dirigeants
au cours des prochaines rencontres. En revanche, les arbitres n'auront
pas vu les fautes du Bulgare Jetchev et du Portugais Morais sur Pelé et
Manga...
L'Allemagne a dominé son groupe en écrasant notament les Suisses et en
dominant l'Espagne avec son buteur Uwe Seeler, mais l'arbitre va jouer
encore un rôle décisif à Sheffield, face à l'Uruguay.
Il s'agit encore d'un arbitre anglais, M. Minney. Les Sud-Américains dominent.
L'un des avants, Silva, expédie de la tête le ballon en direction des buts
allemands. Tikowsky, le gardien, est battu mais l'un des ses arrières le
supplée en repoussant la balle de la main. L'arbitre avoue n'avoir rien
vu. Au contraire, il expulsera Troche et Silva. Jusque-là, les Uruguayens
auront très largement dominé mais le marquage individuel des Allemands
a durci le jeu.
Held, l'Européen aura marqué sur contre-attaque lorsque surviennent les
expulsions. A neuf, il devient impossible de vaincre et les Allemands profitent
de la situation sans toutefois dominer ni jouer l'offensive, en marquant
trois nouveaux buts, portant la marque finale à 4 à 0.
Ainsi disparaissent les formations sud-américaines. Pas d'équipe de ce
continent en demi-finale, cela ne s'était jamais vu en Coupe du Monde depuis
1930.
C'est également en quart de finale que le public anglais allait retrouver
les Coréens du Nord lors de leur rencontre contre le Portugal. Les Coréens
prouvèrent d'éclatante façon que leur victoire n'était pas usurpée. A plusieurs
reprises, il menèrent à la marque malgré le talent de leur adversaire Eusebio
qui sera sacré meilleur buteur de la Coupe. La Corée du Nord joua un football
intelligent, naturel, nullement inspiré de quelque tactique scientifique.
Les Portugais l'emporteront par 5 buts à 3.
L'URSS élimine la Hongrie 1 à 0 avec un super Yachine qui se rattrape de
son Mondial 1962.
Les Hongrois dominent mais échouent une fois de plus.
L'affaire va désormais se circonscrire en une lutte entre Européens et
la violence n'en sera pas exclue.
En effet, en demi-finale, l'Allemagne se voit opposée à l'U.R.S.S. L'élimination
physique de l'adversaire apparaît comme le but recherché par chacun.
Un combat impitoyable s'engage. Les coups ne se comptent plus. Le Soviétique
Sabo est évacué du terrain, sérieusement blessé.
L'arbitre italien Lo Bello est impassible. Tchislenko, à son tour, est
blessé par un coup porté par Schnellinger. Celui-ci écartant le Soviétique
transmet le ballon à Haller qui marque le premier but allemant. Mais Tchislenko
a la rancune tenace. Une nouvelle fois bousculé par Held, il lui décoche
un magistral coup de pied qui lui vaut l'expulsion sur-le-champ.
Ainsi, une nouvelle fois, bénéficiant de la supériorité numérique, les
Allemands vont-ils l'emporter ?
Va-t-on assister à un spectacle identique entre Portugais et Anglais ?
Les Portugais ont retiré de leur formation "l'agresseur" de pelé,
Morais, que la presse anglaise a appelé le "boucher".
C'est peut-être un signe d'apaisement. En tout cas, tout se déroule très
correctement.
Certes, le jeu n'est pas de grande qualité mais les Britanniques n'ont
aucune difficulté à vaincre leurs adversaires.
Bobby Charlton est le grand bonhomme du match, il marque les deux butsAnglais
et malgrè le penalty d'Eusebio, les Anglais se qualifient pour la finale.
Rescapé de la catastrophe aérienne de Munich qui décime son club en 1958,
Bobby conduit aujourd'hui l'équipe d'Angleterre.
Bobby Charlton est aussi l'âme de l'équipe d'Angleterre.
Fils de mineur, il a grandi sur les terrains de foot avec son frère Jackie,
avant de rejoindre les Busby Babes, les bébés du célèbre manager-entraîneur
de Manchester United, Matt Busby.
Le Portugal obtient la 3eme place en batant l'URSS.
Ballon d'or France Football 1965, Eusebio, auteur de quatre buts contre
la Corée du Nord, sera le roi des buteurs avec 9 buts dans la compétition.
L'heure de la finale a sonné : Angleterre et Allemagne vont s'affronter.
Dès le coup d'envoi, le match ne s'annonce pas sous des auspices favorables.
Les 2 équipes restent fidèles à un système défensif qui n'apporte pas la
qualité que l'on est en droit de souhaiter pour un tel évènement.
Haller ouvre le score sur une erreur de Wilson dont le dégagement a été
mal renvoyé.
Nous sommes à la treizième minute. les Anglais réagisent et cinq minutes
plus tard, Hurst égalise de la tête et le pays organisateur prend l'avantage
par Peters sur un faible dégagement de Hottges.
La victoire ne semble pas échapper aux Anglais.
Le public britannique s'apprête à quitter le stade dans l'allégresse lorsque
à la dernière minute, Weber réussit l'égalisation après une série d'erreurs
d'arbitrage.
Dès le début de la prolongation se produit un événement inattendu : l'avant-centre
anglais Hurst tire en direction des buts allemands,
Tilkowski détourne le ballon mais celui-ci heurte la transversale et rebondit
sur le terrain.
L'arbitre accorde le but,estimant que la balle est retombée derrière la
ligne.
La décision de l'arbitre suisse M. Dienst, est discutable. les Allemands
sont découragés.
Les Anglais profitent du flottement dans les rangs adverses pour marquer
un quatrième but.
L'Angleterre, berceau du football enlève la Coupe du Monde que l'on estimera
faussée de bout en bout par les arbitres. Ceux-ci, sans contredit, auront
joué un rôle capital même dans les prolongations de la finale.
LE PARCOURS DE LA FRANCE
PREMIER TOUR (groupe 1)
13 juillet 1966 à Londres
FRANCE - MEXIQUE : 1-1 (0-0)
69 000 spectateurs/Arbitre : M. Ashkenasi (Israël).
Buts : Hausser (62e) pour la France. Borja (49e) pour le Mexique
FRANCE : Aubour - J. Djorkaeff, Artelesa, Budzinski, De Michele, Bonnel,
Bosquier, Combin, Herbin, Gondet, Hausser.
MEXIQUE : Calderon - Chaires, Hernandez, Nunez, Pena, Mercado, Diaz, Reyes,
Fragoso, Borja, Padilla.
15 juillet 1966 à Londres
URUGUAY - FRANCE : 2-1 (2-1)
45 000 spectateurs/Arbitre : M. Galba (Tchécoslovaquie). Buts : Rocha (27e),
Cortes (32e) pour l'Uruguay; De Bourgoing (15e s.p.) pour la France
URUGUAY : Mazurkiewicz - Ubina, Troche, Manicera, Caetano, Cortes, Goncalvez,
Rocha, Viera, Sasia, Perez.
FRANCE : Aubour - J. Djorkaeff, Artelesa, Budzinski, Bosquier, Bonnel,
Simon, Herbet, Gondet, De Bourgoing, Hausser.
20 juillet 1966 à Londres
ANGLETERRE - FRANCE : 2-0 (1-0)
98 000 spectateurs/Arbitre : M. Yamasaki (Pérou).
Buts : Hunt (39e, 76e) pour l'Angleterre
ANGLETERRE : Banks - Cohen, J. Charlton, Moore, Wilson, Stiles, R. Charlton,
Peters, Greaves, Hunt, Callaghan.
FRANCE : Aubour - J. Djorkaeff, Artelesa, Budzinski, Bosquier, Bonnel,
Herbin, Simon, Herbet, Gondet, Hausser.