Histoire de la Coupe du Monde 1974

La Coupe du monde 1974 s'est tenue en RFA et a vu le sacre de la nation hôte, qui a battu les Pays-Bas en finale.

Jeudi 13 juin au Waldstadion de Francfort, l'un des plus coquets stades allemands la fête mondiale du football commence. Seize nations vont se disputer le titre suprême.

Il s'agit d'une coupe "new look", car l'objet décerné au vainqueur n'est le même que lors des compétitions précédentes. En effet, le trophée Jules-Rimet reste propriété insaisissable du Brésil, celui-ci l'ayant remporté trois fois.
Le nouvel objet d'art est en or masif et pèse environ cinq kilos. Haut de trente-six centimètres, il a une longueur maximale des quinze centimètres. On l'estime à environ 20 000 dollars (100 0000 francs) . Un concours avait été ouvert pour la réalisation de ce trophée. Entre cinquante-trois projets, c'est celui d'un Milanais, Silvio Gazzaniga, qui a été choisi. "Dans un langage fluide et spontané, commentent les organisateurs, l'œuvre exprime la force et la pureté de l'esprit sportif de compétition."
En Allemagne, c'est le branlebas de combat avant la cérémonie d'ouverture de la grande fête du ballon rond. Sur les 2 130 000 billets mis en vente, 1 600 000 avaient déjà trouvé preneurs au milieu du mois de mai dont 470 00 hors d'Allemagne. Les places coûtent pourtant de 20 à 160 francs.

Les radios et les télévisions sont représentées par 1 400 envoyés spéciaux. Pour les matches en nocturne, des installations spéciales de projecteurs vont créer de nouvelles conditions d'éclairage pour les télévisions en couleur.
Première rencontre de la Coupe, dans le groupe B, Brésil-Yougoslavie. Le Brésil se cherche, car il compte un grand absent, Pelé, qui a renoncé à toute sélection internationale. Les matches de préparation de la formation sud-américaine n'ont pas été parfaits, loin de là. L'entraîneur Zagalo compte notamment sur ses anciens, Clodoaldo, Jaïrzinho et Rivelino, mais aussi sur quelques jeunes comme le gardien Leao, l'arrière Zé Maria, le "milieu de terrain" Paulo César, et l'avant-centre Leivinha.
Contre cette équipe, les Yougoslaves ne joueront pas les victimes expiatoires. Ses joueurs ont été rassemblés à partir du 18 mai à Novi-Sad. Ceux-ci ont l'habitude de se surpasser lorsqu'ils rencontrent des adversaires présumés supérieurs. Les coéquipiers d'Acimovic espèrent bien ne pas rompre la tradition.
Le jeu des Yougoslaves singularise surtout par les montées offensives des arrières latéraux Buljan et Krivokuca, la solidité de son gardien Maric et de son milieu de terrain Acimovic. Dans les rangs dalmates figure aussi Petkovic, joueur opérant en France.
Le Brésil, d'entrée, tente, de prouver ses bonnes intentions dans le tournoi. Dans les vingt premières minutes, le gardien yougoslave est mis à l'épreuve mais son talent en sort grandi. Rivelino, Marinho se révèlent inquiétants mais rapidement les Européens de l'Est montrent les dents et les Sud-Américians doivent faire machine arrière. Après une bonne résistance, les hommes de Zagalo perdent du terrain, piétinent, s'énervent. Petkovic et Acimovic ont le but de la victoire au bout du pied, mais tous deux ne parviennent pas à conclure. Oblak ne sera pas plus heureux, tirant sur le poteau.
Finalement Le Brésil se retirera avec le match nul, aucun but n'étant marqué à la fin du temps réglementaire. Déjà, on conçoit les faiblesses des triples vainqueurs de la Coupe du Monde. On les sent apeurés, ne tenant pour preuve que le glissement en défense du demi Piazza. Néanmoins la qualité du jeu se révèle bonne, et à ce moment-là, on était en droit d'attendre une bonne prestation de la Yougoslavie dans ce tournoi. En revanche on ne donnait pas cher des chances brésiliennes.
A Dortmund, le Zaîre était le premier pays de l'Afrique Noire à effectuer ses premiers pas en phase finale de la Coupe du Monde. Vainqueur de la Coupe d'Afrique des Nations, le Zaïre possède un jeu rapide, certes, mais un peu primaire et soumis à improvisation.
A dire vrai, les Africains fourniront une bonne impression face à leur premier adversaire : l'Ecosse.
Les spectateurs vont, en effet, applaudir et encourager cette équipe qui fait preuve d'un étonnant esprit d'offensive et d'une étonnante virtuosité. Lorimer et Jordan marqueront pour les Ecossais tandis que les champions d'Afrique ne parviendront pas à conclure. Ils auront quand même réussi à donner une leçon de football à ceux qui n'avaient pas voulu croire en eux...
Hélas ! face à la Yougoslavie à Gelsenkierche, les Zaïrois vont littéralement s'effondrer, encaissant un 9 à 0 cinglant. L'arbitre sera mis à rude épreuve par un coup de pied au derrière de Mwepu. Voulant expulser l'auteur du coup, le "referee" se trompa de joueur et fit sortir l'innocent N'Daye.
Les Africains rencontreront dans le tournoi le Brésil qui l'emportera par 3 à 0. Devenus méfiants, les citoyens de Kinshasa se cantonnèrent dans une prudente réserve.
De son côté le Brésil ne mérite guère d'être félicité tant son jeu fut lent et sans vie : Jairzinho, Rivelino, Valdomiro marquèrent les buts du match.
Le Zaïre se retirait de la Coupe sans gloire, encaissant 14 buts sans en rendre un seul. L'équipe ne sera cependant pas passée inaperçue tant son football aura paru généreux, vivant, voire spectaculaire.
Dans ce tournoi, on attend toujours, sans trop y croire une performance du Brésil. A Francfort, Brésil-Ecosse peut lui en donner l'occasion, si, toutefois, un miracle est encore possible. Dès le coup d'envoi, les Sud-Américains se ruent à l'assaut des buts défendus par Harvey. Rivelino puis Leivinha qui tire sur la barre ne peuvent cependant pas ouvrir la marque et les Écossais renversent le jeu après l'avoir calmé.
Bremner et Hay sont omniprésents alors que Lorimer et Morgan grâce à leurs tirs très appuyés font passer des frissons de frayeur dans le dos des Brésiliens. Bremner, le petit rouquin de Leeds, mène ses hommes vers une victoire qui se dessine car Leao, portier brésilien, doit faire face à de lourdes menaces. Il s'en tirera fort bien et finalement les deux équipes resteront à égalité sans qu'aucun but ne soit marqué. Les Ecossais se seront bien défendus dans tous les compartiments du jeu ;
les Brésiliens n'auront guère eu de chance avec leurs vedettes, Jaïrzinho se faisant totalement neutraliser par Buchan et Holtan alors que Paulo Cesar eut du mal à trouver le rythme. Mention tout de même à la défense qui sut contenir le jeu rugueux et percutant des avants d'Ecosse.
Cette dernière équipe se retrouve au Waldstadion de Francfort face à la Yougoslavie. Il lui faut vaincre à tout prix si elle veut être présente au tour suivant. Mais les Yougoslaves sont prêts. Si leurs adversaires attaquent d'entrée, la défense dalmate résiste malgré la concession de nombreuses fautes. Les avants hésitent alors à contre-attaquer. Prendre des risques est difficile tant l'enjeu est important et ils se cantonnent toujours en défense devant l'engagement de leurs rivaux.
Aucun but ne sera marqué à l'issue de cette première mi-temps.
Il faut faire quelque chose. Cette fois, la Yougoslavie relève la tête. Les arrières latéraux montent à l'offensive. Les citoyens de Belgrade ont le match à leur portée mais ils ont omis de compter sur le brio des Ecossais qui savent aussi bien défendre qu'attaquer. Les Européens de l'Est vont cependant ouvrir le score à la quatre-vingt-troisième minute par Karasi, mais six minutes plus tard Jordan pour l'Ecosse rétablira l'équilibre. 1 à 1, ce sera le score final, loin d'être suffisant pour cette dernière qui doit se retirer du tournoi sans jamais voir subi la défaite.
La fin du match sera incontestablement l'un des sommets de ce Mondial 1974.
L'Ecosse, brillante, courageuse et obstinée, aurait mérité un meilleur sort.
Au classement ce ce groupe II, arrivaient dans l'ordre Yougoslavie, Brésil, Ecosse avec 4 points, Zaïre, 0 point. La Yougoslavie et le Brésil allaient donc jouer le tour suivant.
Dans le groupe I, deux grandes vedettes se partageaient les suffages : l'Allemagne de l'Ouest et celle de l'est.
En revanche, on ne donnait pas cher des chances du Chili et de l'Australie.
Les Allemands de l'Ouest se trouvaient face aux Chiliens à Berlin. Si l'hymne national fut troublé par quelques manifestants, les joueurs sud-américains ne jouèrent guère les trouble-fête. Dès la seizième minute, l'Allemagne fit savoir que les choses ne se passeraient pas sans elle : Breitner d'un tir légèrement dévié par un défenseur adverse donna l'avantage à son pays.
Ce fut l'unique but inscrit au cours de cettte partie pourtant dominée par les Européens. le système défensif chilien se révéla bien au point et ni Beckenbauer, ni Muller, ni Grabowski ne purent tromper l'excellent portier Vallejos, le socre en reste là.
La R.D.A. de son côté, rencontrait l'inconnue de la Coupe, l'Australie. Les Allemandes de l'Est durent se contenter du match nul à la mi-temps. Pour une entrée en Coupe du Monde, il fallait faire mieux.
A la cinquante-huitième minute de jeu, sur un tir de Sparwasser, l'arrière Curran détourna la balle dans son propre but et, à la soixante-et-onzième minute, Streich, d'une magnifique volée sonna le glas des espérances australiennes. L'Australie fut cependant loin de jouer la figuration. Elle procéda par passes très courtes et joua de façons précise.
Les Allemands de l'Est jouèrent au contraire un football d'engagement rude et parfois laborieux d'où émergèrent Sparwasser et Streich. On retiendra, côté australien Alston et Bulgevic.

Les Allemands de l'Est, quatre jours plus tard, se voient opposés au Chili. La rencontre ne leur fait pas peur, ils ont tort. Le Chili, quoique le moins titré des quatre équipes sud-américaines et aussi l'une des formations les moins expérimentées, sortira grandi de ce match.
Les Européens qui marquèrent après le repos par Hoffmann à la cinquante-cinquième minute, se firent rejoindre quinze minutes plus tard par Ahumada sur un centre de Reinoso de l'aile droite.
Remarquables techniciens, jouant un football intelligent, les hommes de Santiago ne furent jamais dépassés par les Allemands, décevants malgré le brio de Steitch, d'Hoffmann et de Kreische qui entra en cours de partie.
L'Australie, elle, sera défaite par un score lourd face à la R.F.A. Néanmoins, le match débuta mal pour les Allemands copieusement sifflés. Ils marquèrent cependant à la douzième minute par Overath, à la trente-cinquième par Cullmann et à la cinquante-cinquième par Muller.
S'ils jouèrent un football tantôt long, tantôt ajusté, ils ne parvinrent jamais à se montrer très convaincants face aux joueurs des antipodes ont Wilson et Alston furent encore les meilleurs.
Australie et Chili jouent à Berlin. Ils savent d'ores et déjà qu'ils ne parviendront pas à se qualifier pour le tour suivant. Le match se révélera terne et les occasions de buts rares. Un 0 à 0 sanctionnera une confrontation que les mémoires n'auront aucun mal à oublier.
En revanche, le match du siècle opposait les deux Allemagnes. Le tournant de la rencontre se situa à la soixante-dix-septième minute : Sparwasser sur passe de Lauk prit de vitesse Beckbauer et Vogts et trompa Maïer d'un magnifique tir à ras de terre. 1 à 0 pour le R.D.A. Ce sera le score final.

Jusque-là, le jeu avait paru équilibré, la R.F.A. essayant d'imposer son football d'inspiration et d'engagement alors que la R.D.A. se montrait bien préparée sur le plan physique.
Le résultat permettra aux deux Allemagnes de se retrouver toutes deux en tête du classement du groupe I et qualifiées pour le tour suivant.
Mais la RFA deuxième évite les Pays-Bas, l'Argentine et le Brésil pour le deuxième tour.
Ouf!!!Chiliens et Australiens se retireront.
La préparation psychologique des premiers, en raison de la crise politique qui agitait leur pays, n'aura pas été celle qu'ils étaient en droit d'espérer, tandis que les Australiens venus avec des ambitions limitées, se montraient satisfaits de leur comportement.
Dans le groupe III, la Bulgarie, habituée de la Coupe du Monde, donnait la réplique aux Suédois. Les citoyens des Balkans se montrèrent supérieurs à leurs adversaires surtout dans la première partie de la rencontre.
Hélas ! les avants, pourtant ardents et offensifs, ratèrent de faciles occasions de buts et les Nordiques, après le repos, voulurent à leur tour dominer mais cette fois en concrétisant cet avantage ; ils ne furent pas plus heureux.
On notera également le fauchage de Torstensson par Velitchkov qui méritait un pénalty que l'arbitre refusa au Suédois.
A la soixante-et-onzième minute, le remplacement de Kindvall par Magnusson n'apporta pas à la Suède le punch suffisant pour vaincre.
Un match qui offrit tout de même un beau spectacle avec un football techniquement au point mais qui termina sans un seul but.
Dans les dernières secondes de la rencontre, l'ailier Sandberg eut au bout du pied le but de la victoire mais ne sut exploiter l'occasion.
A Hanovre, choc entre l'ancien et le nouveau. On attend, en effet, l'entrée en scène de la Hollande dont on dit grand bien alors que son vis-à-vis n'est autre que l'Uruguay, la "Céleste", deux fois vainqueur de cette Coupe du Monde.
Pour ce nouveau Mondial, l'Uruguay a battu le rappel de ses nombreux exilés dont le gardien Mazurkiewicz et le milieu de terrain Rocha qui opèrent habituellement au Brésil. Les Sud-Américains ne sont cependant plus ce qu'ils étaient et l'on s'en rend compte dès le coup d'envoi. Ceux-ci le savent et s'en irritent, durcissant le jeu exagérément. Trois avertissements leur seront dressés alors que Castillo sera exclu du terrain.
Néanmoins, la Hollande tient ses promesses ; elle domine pratiquement l'ensemble de la rencontre et la vedette Cruijff est omniprésente. Le stratège des Pays-Bas signe en partie le premier but, adressant un tir à l'avant-centre Repp qui marque de la tête dès le septième minute. Un second but sera obtenu par la Hollande en seconde mi-temps par le même Repp sur passe de Van Hanegem.
Jamais on ne retrouva sur le terrain cette grande équipe de l'Uruguay qui fit tant parler d'elle.
Johan Cruijff sera la grande vedette, mais les belles occasions qu'il créa ne furent que rarement exploitées par ses coéquipiers.
Certes, au début de la seconde mi-temps, Rocha aurait pu marquer ; en revanche le gardien Mazurkiewicz sauva sa formation du naufrage. D'ores et déjà, les Hollandais faisaient savoir que rien de sérieux ne devrait se passer sans eux.

Cette domination se manifesta davantage face aux Suédois pourtant, rien ne sera marqué au tableau d'affichage à la fin du temps réglementaire.
La Suède, en permanence sur la défensive, se vit littéralement assiégée et s'en tira avec bonheur malgré le brio du gardien Hellstroem et de ses coéquipiers Karlsson et Olson par exemple. De l'ensemble néerlandais, outre Cruijff, Jongbloed (portier), Suurbier, Neeskens, Repp méritent une citation supplémentaire.
Un match nul sanctionnera aussi le duel Bulgarie-Uruguay 1 à1 (but de Kolev pour la Bulgarie et Pavoni pour l'Uruguay) sans que le débat s'avère à un moment ou à un autre enthousiasmant. L'Uruguay montrera ses difficultés d'adaptation à un jeu rapide et offensif pourtant largement à leur portée.
Une telle chance, jamais la Bulgarie ne la retrouvera car la voici confrontée à la Hollande. Les joueurs de l'Est sont nerveux. Les Hollandais évoluent avec aisance et font preuve d'un grand sang-froid. La Bulgarie sait que la victoire est presque impossible à saisir et commet des erreurs qui coûtent cher. A la sixième minute, Vassilev agresse Cruijff c'est le pénalty aussitôt transformé par Neeskens
A la quarante-quatrième minute, Vélitchkov fauche Janssen dans la surface de réparation et Neeskens tranforme encore le pénalty. Ce sera le score à la mi-temps, Reep donnera le coup de grâce à la soixante-et-onzième minute, cependant que Krol marquera contre son camp, permettant à la Bulgarie de sauver l'honneur..
Cette rencontre se sera cependant révélée agréable à suivre. Jouée très rapidement, elle aura permis d'admirer le brio et l'autorité hollandais.

Dans ce groupe, la lutte pour la seconde place se joue entre la Suède et l'Uruguay. Durant la première mi-temps la Suède se crée de nombreuses occasions d'ouvrir le score notamment par Kindwall et Edstroem mais à l'issue de la première partie du jeu, le talbeau d'affichage reste vierge.. Cependant il ne fait pas de doute que les Nordiques se montreront les plus forts .
Johan Cruyff a illuminé le premier tour de cette Coupe du Monde 1974.
Juse après la reprise, ils vont confirmer le pronostic grâce à un tir d'Edstroem après une combinaison Kindwall-Sandbarg et grâce encore à ce même Edstroem en fin de match. Dans l'intervalle Sadberg aura déjà assuré le succès des Suédois, plus rapides et davantage en souffle. Quant à leurs adversaires sud-américains ils parurent, grâce à Rocha et Morena, retrouver un peu de leur lustre passé.

Ainsi grâce à ce succès, la Suède seconde de son groupe, se voyait qualifiée aux côtés de la Hollande pour la suite de la compétition.
Restaient à connaître les qualifiés du groupe IV, Argentine ou Pologne. Haïti ne pouvait nourrir des grandes ambitions mais les footballeurs de l'Amérique Centrale ne se décourageaient pas. Battus à l'entraînement, à Vichy, par l'Olympique Lyonnais, leur moral restait intact. Emmenés par l'attaquant Sanon et le capitaine -arrière central de Valenciennes - Nazaire, Haïti marqua le premier but face à l'Italie par le premier nommé aussitôt après la pause. Mais l'illusion haïtienne n'aura pas duré plus d'une mi-temps, Rivera, Benatti et Anastasi signant le succès de la Squadra Azzurra.
La Pologne entrait en lice face à l'Argentine. Elle ne décevra pas. En moins de dix minutes, les Polonais marqueront deux fois et, durant une heure environ, seront les maîtres du match aussi bien intrinsèquement que collectivement. Lato et Szarmach signeront ces actions déterminantes. Les Sud-Américians ont quand même de beaux restes. Dans la dernière demi-heure, ils inscriront, eux aussi deux buts mais Lato une nouvelle fois, marquera le but de la victoire.
Meilleurs techniciens, les Polonais méritaient ce succès alors que les armes des Argentins parurent émoussées malgré quelques beaux sursauts.
Ce sera une formalité pour la Pologne que d'exécuter HaÏti. Un 7 à 0 résonnera dans l'escarcelle lorsque l'arbitre, originaire, de Singapour, sifflera la fin du match. Circonstances atténuantes pour les Américains : une affaire de doping a écarté des stades Jean Joseph, l'un des meilleurs joueurs. Il n'y a pas lieu de s'étendre sur cette rencontre disons simplement qu'après une demi-heure de jeu, les Haïtiens avaient déjà concédé 4 buts.
L'Italie et l'Argentine se rencontrent à Stuttgart. C'est un match capital pour eux et ils le savent. Les supporters italiens sont venus nombreux encourager leur équipe.
C'est cependant l'Argentine qui tirera les premiers coups de semonce avec Wolff tandis que Houseman, dès la dix-neuvième minute, sur passe très précise de Babington, donnait l'avantage aux Argentins. Les Italiens, mal à l'aise en défense, communiquèrent le frisson à leurs "tifoses".
Tout rentrera dans l'ordre, de façon heureuse, à la 34e minute, pour les Transalpins, l'Argentin Perfumo déviant la balle dans ses propres filets.

Ce sera le score définitif qui sonnera la fin de la squadra vieillissante qui ne pourra, en effet, se reprendre devant la Pologne, décidément maîtresse du terrain à chacune de ses rencontres.
La Pologne l'emportera par 2 à 1 malgré les efforts des avants italiens : Mazzola, Facchetti et Anastasi. Le mileu de terrain polonais Kasperczak, Dejna, Maszczyk, sera à l'origine de la domination de cette équipe qui mérite tout entière d'être citée. Pour mémoire, les buts polonais ont été marqués par Szarmach (40ème), Deyna (45eme) et pour l'Ialie par Capello (96ème).
La rencontre suivante s'annonce aussi importante que les autres pour les Argentins. Même si la victoire, face à Haïti, leur sourit, ils seront à égalité avec les Italiens. Seul le goal average peut les départager.
Rien d'étonnant à ce que les Sud-Américains entament ce match à fond de train. En vingt minutes, ils ont déjà inscrit deux buts, mais doivent s'en tenir là jusqu'à la mi-temps.
Un nouveau départ sur les chapeaux de roue leur permettra de marquer deux nouveaux buts alors qu'Haïti grâce à son attaquant Sannon sauve l'honneur.
Score final 4 à 1, les Argentins seconds de leur groupe, sont qualifiés pour le second tour apèrs la Pologne.
Hélas! d'entrée, dans le groupe A, les Sud-Américains ne pèseront pas lourd face à la Hollande. A Gelsenkirche, les Pays-Bas écrasent les Argentins par 4 à 0. Cruijff est omniprésent.
Avec lui, Neeskens, Van Hanegem et Rensenbrink brillent d'un vif éclat mais la presation argentine est décidément bien pâle malgré les arrêts de Carnevali dans le but des "bleu et blanc" qui évite un score plus lourd à sa formation.
On retrouvera Hollande et Argentine plus tard mais voici que le Brésil ralliait tous les regards à Hanovre, face à une Allemagne de l'Est qui a fait bonne figure lors du premier tour.
L'étoile du Brésil a pâli mais le public n'est guère porté vers cette équipe de la R.D.A. qui a battu sa voisine de l'Ouest. Les Allemands de l'Est ne savent pas vraiment comment prendre la mesure des "sorciers" brésiliens même si ceux-ci ne sont plus que l'ombre d'eux-mêmes. Ces derniers ne s'avouent pas vaincus et tentent de prouver qu'ils ont encore de beaux restes.
Ils n'y parviennent pas trop mal, conservant le ballon de façon permanente durant la première mi-temps. Aucune action ne fut cependant vraiment inquiétante et il fallut attendre la 60ème minute pour voir Rivelino ouvrir le score sur coup-franc. Rien d'autre ne sera marqué et les deux équipes se sépareront sans avoir vraiment fourni une grosse impression.
Quatre jours plus tard, dans ce même stade de Hanovre, un duel sud-américain se prépare avec Brésil-Argentine. Ce sera une très belle rencontre, toute de technique et âprement disputée. Il fallut saluer le comportement des Brésiliens qui parurent bien plus à leur aise que lors des matches précédents.
Collectivement, ils dominèrent une formation qui jamais ne baissa le pied et se montra même dangereuse. On en tient pour preuve le suspense qui régna jusqu'au bout. Au but de Rivelino à la 31ème minute, obtenu après un tir de vingt-cinq mètres sur une combinaison de Paulo César-Luiz Pereira, répondit celui de Brindisi sur coup-franc. Le tir de ce dernier percuta la barre transversale avant d'entrer dans le but. Jaïrzinho inscrivit le but victorieux d'un magnifique coup de tête. Enfin un beau match à l'actif du Brésil !
Les Hollandais, ce même jour, vont à une nouvelle reprise signer un succès, cette fois devant la puissante Allemagne de l'Est, sous une pluie cinglante.
On attendait une bonne performance des Allemands, elle ne vint pas ; au contraire, les joueurs des Pays-Bas se créèrent toutes les occasions, multipliant les combinaisons offensives. La défense est-allemande plia bien des fois mais tint bon. A deux reprises cependant, Croy très brillant au demeurant, alla chercher le ballon dans ses filets sur des actions de Neeskens (9ème minute) et Rensenbrink (60 ème minute). Si Weise ou Hoffmann, entre autres, tirèrent leur épingle du jeu, chez les Allemands de l'Est, les Hollandais se montrèrent souverains grâce à Rijsbergen, Krol, Suurbier, Neeskens et Rensenbrink.
Devant le Brésil, les Pays-Bas vont concrétiser cette supériorité. Le match gagnera en intensité devant 70 000 spectateurs. Parfois le jeu dégénèrera en brutalités mais après la pause, alors qu'en première mi-temps aucun but n'a été marqué,
Paradoxalement, l'arrière Marinho fut un des meilleurs Brésiliens de ce Mondial.
la Hollande fait étalage de sa grande classe avec notamment deux buts de Neeskens et de Cruijff. Sur la défensive en fin de match, la Hollande, au coup du sifflet définitif, se retrouvait en finale alors que le Brésil se voyait qualifié pour le match de classement.
Dans le groupe B, les jeux étaient également faits. Le pronostic allait à l'Allemagne qui l'avait tout de suite confirmé à Düsseldorf, le 26 juin, en battant la Yougoslavie par 2 à 0, buts de Breitner (39ème minute) et Muller (77ème minute). Athlétiques, d'une condition physique inébranlable, les Allemands jouèrent vite et bien dans tous les compartiments du jeu, en particulier en seconde mi-temps. Face à une telle force de pénétration, les Yougoslaves parurent plus pâles que jamais. Arrêtons-nous un instant sur la suite de leur prestation dans ce tournoi : battus par la Pologne (1-2), ils le seront encore par la Suède sur le même score.
La Pologne, en revanche, va surprendre, mais plus tard. Devant la Suède, elle remporte dans l'immédiat un succès heureux. Tomazewski, gardien de but, et les ailiers Lato et Gadocha sont d'un précieux secours dans cette équipe qui commet des erreurs en défense. Les Suédois en profitent et se créent d'innombrables occasions qu'ils ne parviennent pas à exploiter pleinement. A la trente et unième minute, l'opportuniste Lato tire au but et marque en expédiant un tir sur la barre transversale. Ce sera le but de la rencontre. La Pologne revient de loin.
La Suède voyait alors toute chance s'envoler devant la R.F.A. Battue 2 à 4, elle subit la loi d'un onze allemand qui imprima à cette rencontre un jeu particulièrement rapide. Les choses avaient bien commencé pour les Nordiques, ils menaient 1 à 0 à la mi-temps par la grâce d'Edstroem qui profita d'un mauvais renvoi de Schwarzenbeck. Les Allemands égalisèrent par Overath, prirent l'avantage par Bonhof maisles Suédois égalisèrent par Sandberg. Trois buts furent ainsi marqués en deux minutes. Lorsque les Allemands passèrent à la vitesse supérieure, les Suédois ne suivirent plus. Grabowski puis Hoeness (sur penalty) inscrivirent les troisième et quatrième buts allemands.
Les Polonais, eux, prenaient à Francfort une belle option pour la suite du tournoi devant les Yougoslaves. Gadocha, Deyna, Lato furent les artisans du succès mais cette même Pologne allait se heurter au mur dressé par l'Allemagne de l'Ouest, à Francfort, sans avoir démérité pour autant. 1 à 0 sera le score final de cette rencontre qui verra l'Allemagne Hoelzenbein, à la 75ème minute adresser de l'aile gauche un excellent ballon à Muller, lequel marquera d'un tir à ras de terre.
Les Polonais se sont rendus maîtres du terrain dans la première partie du jeu, se créant des associations qui auraient pu être déterminantes notamment par Lato et Gadocha. Le brio du gardien allemand Maier permit aux Germains d'éviter l'ouverture du score par les joueurs de l'Est. Ainsi les Polonais laissèrent passer leur chance. En seconde mi-emps, les Allemands se reprenaient fort bien et, à la 53ème minute bénéficiaient d'un pénalty que Tomaszewski, le gardien polonais, repoussa. Mais la chance polonaise s'évanouissait quelques minutes plus tard, la Pologne gagnant tout de même le droit de disputer le match pour l'attribution de la troisième place.
Ce même 3 juillet, pour l'honneur, Suède et Yougoslavie se livraient à un baroud dont l'enjeu n'était autre que la troisième place du groupe B.
Les Suédois enlevèrent les débats par 2 à 1 après avoir pratiqué un football d'un excellent niveau avec leur remarquable attaquant Edstroem (qui jouera plus tard à Monaco).
Restait à connaître le vainqueur du Mondial 1974, ou plus précisément les quatre premiers. Le match de classement précédait d'un jour celui de la finale, tous deux se déroulant à Munich.
Le 6 juillet 65 000 spectateurs attendaient Polonais et Brésiliens pour l'attribution de la troisième place. Précisons tout de suite que le match ne connut pas, d'entrée, la faveur du public, celui-ci se réservant pour le lendemain, jour de la grande finale. En vérité, durant les 90 minutes il n'y eut guère d'occasions de s'enthousiasmer, les deux formations se montrant visiblement fatiguées. On portera au crédit du Brésil une certaine domination mais les Polonais, très rapide sur contre-attaque, se montrèrent très dangereux.
L'une d'entre elles amena l'unique but de la rencontre à la 76ème minute : la balle échappait à Marinho, Lato s'en emparait à la ligne médiane et à toue vitesse, il descendit le terrain, passa Alfredo, tira et marqua. Un match qui ne comptera pas dans les mémoires.
La Pologne, troisième de ce tournoi, c'était pour beaucoup une révélation. Ceux qui possèdent une bonne mémoire feront cependant remarquer que le onze polonais avit enlevé le titre olympique en 1972 devant l'U.R.S.S. et la Hongrie avant d'interdire à l'Angleterre l'entrée en phase finale de cette Coupe du Monde.
La Pologne aura bénéficié de l'excellent travail technique de Casimir Gorski, le patron de l'équipe, qui sut insuffler une foi inébranlable à une formation dont la moyenne d'âge ne dépassait pas 25 ans.
En revanche, les Brésiliens se feront conspuer.
Ceux-ci adoptèrent un nouveau style de jeu qui fut loin d'être convaincant et l'entraîneur laissa dans doute sur la touche des éléments qui auraient mérité de jouer.
Le Miroir du Football fut le fidèle "Miroir" de cette Coupe du Monde.
Ce journal bi-hebdomadaire devait hélas cesser de paraître en 1979.
Une pensée pour François Thébaud disparu il y a peu.
Le 7 juillet au stade olympique de Munich, devant 80 000 spectateurs, tout était réuni pour que la rencontre Allemagne de l'Ouest-Hollande soit une grande finale, digne de ses glorieux prédécesseurs.
Elle le fut.
Dès la première minute de jeu, la Hollande prenait l'avantage Cruijff, du centre du terrain attaquait en force et s'engageait dans la surface du réparation, lorsqu'il fut crocheté par Hoeness : pénalty indiscutable. Neeskens transformait.

Un pénalty allait répondre à un autre pénalty. Cette fois, la faute était hollandaise. Hoelzenbein débordait sur la gauche, passait deux adversaires et, alors qu'il allait tirer au but se voyait se heurté par Jansen. Breitner tirait le pénalty, l'Allemagne égalisait.
Les Allemands vexés d'être menés à la marque à la première minute, donnèrent le ton immédiatement, multipliant les actions avec une rapidité que les Hollandais eurent bien du mal à enrayer. Les Pays-Bas rétablirent la situation mais de façon épisodique. On senti fort bien que la Hollande avait perdu de sa superbe. Juste avant la mi-temps, à la 43ème minute, la R.F.A. concrétisa de belle façon sa supériorité par un but de Muller, qui, sur passe de Bonhof devait se reprendre à deux fois pour tromper le portier adverse.
La seconde mi-temps fut loin d'être à l'image de la première pour le rythme et l'engagement aussi les hommes de Michels en profitèrent mais se heurtèrent à une excellente défense allemande qu ne se permit pas le moindre faux pas et le score final fut celui qu'affichait le tableau à la 43ème minute En revanche, les Allemands s'étaient présentés avec les meilleurs atouts et les nerfs intacts. Tout n'avait pourtant pas été brillant à l'origine chez ces derniers, témoin leur match contre le Chili, leur défaite contre la R.D.A. mais à force de recherche, Helmut Schoen parvint à donner à son team l'équilibre nécessaire. Chacun au-delà de lui-même et ce fut le miracle de la volonté.
La Hollande apporta néanmoins enthousiasme et qualité ainsi qu'un super joueur : Cruijff. Allemagne vainqueur de la Coupe du Monde, Hollande vainqueur moral ; deux beaux titres et deux bien belles équipes pour un magnifique final.
Les Hollandais auraient pu remporter la Coupe du Monde mais ils ne furent plus au grand rendez-vous, celui précisément qu'il ne fallait pas manquer.