Stade Pershing
OM bat Cette 3 à 2 (2 - 1, 2 - 2) ap.prol
13 Avril 1924
Arbitre Mr Fourgoux, 29800 spectateurs
Buts Crut (3eme, 110eme), Boyer ( 42eme) Cazal (15eme) Torta (67eme csc)
OM B. De Ruynbecke - Jacquier, Seitz - Blanc, Cabassu, Torta - Michel,
Boyer, Subrini, Crut, De Ruynbecke D
Cette Henric, Granier, Hewitt, Parachini, Domergue, Jourda, Cornelius,
Cazal, Caballero, Dangles, Gibson
Cette Finale fut la dernière disputée au Stade Pershing
* On disait à l'époque Cette, le nom de la ville fut changé en 1927 pour
devenir Sète. |
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Article de Gabriel Hanot dans le Miroir des Sports.
Tout le monde était convaincu de la supériorité technique des Cettois sur
les Marseillais. Ceux-ci en étaient aussi persuadés que quiconque. |
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Aussi essayèrent-ils de brouiller les cartes et d'adapter, pour tenir en
échec les favoris de l'épreuve, une méthode originale. Ils laissèrent à
trois équipiers, Cabassu Boyer et Crut le soin de jouer au football, de
mener et de conclure des offensives.
Et ce furent, en effet, les deux ex-Parisiens qui marquèrent les trois
buts pour l'Olympique de Marseille.
Quant aux autres joueurs, ils se dépensèrent sans compter ; ils mirent
tout en œuvre pour se saisir du ballon, pour le repousser, pour l'expédier
au loin ; ils frappèrent, dégagèrent, centrèrent, shootèrent, exercèrent
leur activité à qui mieux mieux, dépensèrent leur énergie sans ménagement.
Ils eurent des moments de défaillance, ils les surmontèrent, tant infatigable
était leur ardeur. |
Cette essaya de combiner, de s'organiser, d'imposer une tactique pondérée,
raisonnée, ordonnée ;Marseille ne l'entendit pas ainsi et persévéra dans
son dessein jusqu'à la dernière minute de jeu.
Marseille voulait gagner la Coupe de France ; Cette avait le souci du beau
jeu, d'une exhibition de football convenable, Marseille ne se souciait
que du résultat. Cette se comporta le plus souvent en équipe, Marseille
défendit sa chance en bloc.
Il n'eût pas été étonnant que Marseille adoptât une disposition des joueurs
autre que la formation habituelle : un gardien, deux arrières, trois demis
et cinq avants. |
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Quand, dans le dernier quart d'heure de la prolongation, l'Olympique joua
avec quatre ou cinq arrières, personne ne se montra surpris de cette modification
; bien plus, bon nombre de spectateurs ne s'aperçurent pas du changement,
si particulière, si originale, si extraordinaire avait été la tactique
des Marseillais.
Les vrais amis des jeux athlétiques de plein air reprocheront aux Marseillais
leur tactique. Ils auront raison. Ce qui, toutefois, disculpe les gagnants,
est leur débauche d'énergie physique et de courage.
Ils n'ont pas songé un instant à se ménager, et chaque Cettois en possession
du ballon était sûr de recevoir par le travers un ou deux adversaires avides
de le déposséder de sa proie. |
Il aurait fallu d'autres avants que la ligne d'attaque cettoise pour venir
à bout de tels rivaux ; car même la fameuse triplette des demis du F.C.C
fut maintes fois, prise en défaut, même la redoutable paire d'arrières
des "verts et blanc" connut la folle angoisse d'être prise à
revers et de voir son but ouvert aux assauts
Quelle était l'équipe de l'Olympique de Marseille, riche désormais d'un
exploit sensationnel et peut-être sans précédent dans les annales du football?
Elle comprenait : But : Bobby. de Ruymbecke ; arrières : Jacquier, Seitz
; demis : Blanc, Cabassu, Torta ; avants : Michel, Boyer, Subrini, Crut,
D. de Ruymbecke |
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En somme, peu de footballeurs connus chez les Marseillais et des joueurs
presque tous de forte réputation au Football Club de Cette.Le match joué,
la recherche des hommes qui brillèrent pour l'Olympique reste, entreprise
délicate, sinon hasardeuse.
Le gardien B. de Ruymbecke a un style théâtral, hardi, imprudent, et une
technique incertaine ; il attend le shot en se mettant automatiquement
à genoux, au risque de voir le ballon passer au-dessus de sa tête.
Son impétuosité le servit heureusement et lui permit de racheter sa technique
défectueuse par des interventions opportunes et sans réplique. |
Les deux arrières Jacquier et Seitz, qui ont des défauts, qui attendent
le bond du ballon avant de dégager, qui se servent d'un pied au détriment
de l'autre, compensèrent leurs faiblesses par une opposition infatigable
aux offensives adverses et des dégagements utiles, soit au pied, soit de
la tête, soit du corps.
Ces deux joueurs se sacrifièrent au salut de leur équipe.
Ils ont bien mérité de leur club et de leur cité. Les demis-aile Blanc
et Torta furent fougueux, sans peur et sans reproche. Torta est bien coupable
d'avoir envoyé le ballon dans ses filets et donné ainsi un second but aux
Cettois, mais il fit mal en voulant trop bien faire ; que celui qui n'a
jamais commis une erreur aussi capitale lui jette la première pierre ! |
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Blanc surveilla Cazals et Gibson ; s'il eut maille à partir avec le vétéran,
il eut finalement raison du jeune Cettois. Parmi les avants; D. de Ruymbecke
et Michel semèrent l'alarme dans la défense cettoise, cependant que Subrini
dépensait une activité désordonnée et aveugle et se faisait pénaliser par
d'incessants hors-jeu.
Les trois vrais joueurs de l'équipe furent le demi-centre Cabassu et les
avants Boyer et Crut.
Cabassu domina nettement Domergue ; non seulement il brisa, grâce à sa
puissance physique et à son jeu de la tête, maintes offensives cettoises,
mais encore il alimenta sa ligne d'attaque en ballons utiles et bien placés. |
Crut fut l'animateur de l'équipe; c'est lui qui dirigea les opérations
et la tactique de l'Olympique de Marseille.
Boyer accomplit, à sa manière, quelques chefs-d’œuvre intermittents ; son
but, le deuxième pour Marseille, fut le résultat d'un shot splendide.
Au football Club de Cette, la plupart des joueurs, déroutés par le jeu
endiablé de leurs adversaires, se montrèrent inférieurs à leur réputation
et à leur forme du dimanche précédent, sauf Jourda. |
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Résumé de la Rencontre
Cette domine après le coup d'envoi. Trois minutes plus tard, Marseille
s'échappe. Subrini a l'idée de passer le ballon vers la gauche, Crut reprend
et marque. Après un quart d'heure de jeu, Cazals enlève le ballon des mains
de . de Ruymbecke, qui avait bloqué insuffisamment un shot de près de Caballero
et égalise. Quelques minutes avant la mi-temps, Boyer reçoit une ouverture
de la gauche, fonce, profite de l'hésitation de Henric et marque un deuxième
point pour l'Olympique.
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Mi-temps, 2 à 1, pour les Marseillais. Vingt deux minutes après la reprise,
Torta marque contre son propre camp. Le résultat de 2 à 2 ne change pas
avant la fin des quatre-vingt dix minutes réglementaires. Pendant le premier
quart d'heure de la prolongation de trente minutes, Crut obtient,sur coup
franc, le troisième et dernier but, celui de la victoire. |
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