Roger Scotti abandonne le professionnalisme.
Cette nouvelle publiée il y a quinze jours a surpris les milieux du football.
Nul ne s'y attendait surtout à cause de la crise de l'O.M.
Car Roger avait renouvelé au mois de juillet son contrat professionnel
et avait entamé sa quatorzième année de professionnalisme.
"Ce Scotti c'est un vieux direz-vous"
Un vieux de l'O.M.c'est certain. Il y joue depuis 1935 où par dispense
spéciale il opérait avec les poussins.
Autrement il n'a que 32 ans mais il portait depuis si longtemps les couleurs
blanches de l'O.M. qu'on ne lui donnait plus d'âge et que les spectateurs
ne s'intéressant pas de près au football disait : "Tiens il joue encore
! Mais il est inusable !" |
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En 1943, il débuta chez les "pros".
Pour un coup d'essai ce fut un coup de maître puisque l'O.M. enleva la
Coupe de France en battant Bordeaux 4-0 dans une rencontre aisée où Roger
se montra digne de ses aînés : le canonnier Aznar qui troua ce jour-là
les filets du Parc des Princes : le roux Bastien, "Féli" Pironti
qui joua avec un bras en bandoulière et Veneziano le front enveloppé par
un turban.
Quoique marseillais cent pour cent Roger, outre sa grande technique se
distinguait par un sang-froid qui n'échappait pas au spectateur averti.
Cette qualité lui permit d'ailleurs d'être un remarquable exécuteur de
pénalties et de coups francs.
Pour le premier France-Hongrie (1-2) de l'après-guerre, l'an dernier à
Colombes, Scotti fut retenu au poste de demi-droit.
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C'était sa seconde sélection la première remontant au 1er novembre 1950,
contre les Belges.
On avait attendu qu'il ait 31 ans pour le rappeler en Equipe de France
alors que depuis longtemps ses adversaires et partenaires vantaient sa
classe en le qualifiant de meilleur demi opérant en France.
Demandez plutôt à l'ex roi des buteurs Andersson à qui il doit sa réussite
!
Sinon à Roger Scotti, le chef d'orchestre "le patron" de l'O.M.
sur le terrain.
Pour ce match il fut chargé d'annihiler Puskas avec comme principale recommandation
de l'empêcher de pénétrer dans la surface de réparation, balle au pied
pour placer son tir meurtrier. |
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Nullement ému, malgré l'importance du match, Roger "étouffa"
si parfaitement le magyar qu'au lieu de lui rendre hommage, certains techniciens
du quotidien sportif arguèrent que Puskas était fini et que la partie de
Scotti avait été faible.
Pourtant quelques semaines plus tard, avec Honved, contre Bilbao -en coupe
d'Europe- Puskas montrait qu'il n'avait rien perdu de sa grande valeur.
Quant à Scotti , au cours de ce France-Hongrie, il avait été très bon en
défense, jouant avec la même assurance que dans son club. Dribblant même
dans les 18 yards afin de ne pas perdre une balle. S'il brilla moins dans
le jeu offensif son point fort, c'est parce qu'il ne voulut pas déroger
aux consignes.
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Cependant M. Paul Nicolas, le retint pour le match contre l'U.R.S.S. quinze
jours plus tard. Roger prétexta une vieille blessure pour décliner l'offre.
Le moral n'y était pas : "Quand on croit avoir fait son devoir et
qu'on vous descend en flamme il y a de quoi être déçu et amer". Cette
année, ça ne va pas à l'O.M..... Et puis Roger en avait assez de voyager
depuis 14 ans qu'il le fait. Partir tous les dimanches dans toutes les
villes de football de France n'était plus pour lui un plaisir.
Il est devenu le recruteur de l'O.M. Il visitera les équipes amateurs de
la région avec l'espoir d'y trouver des "Espoirs" et de temps
en temps il jouera avec les amateurs de l'O.M. afin de s'amuser un peu.
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Chasseur comme Jonquet, bouliste, comme tout Marseillais, Scotti restera
un bel exemple de footballeur professionnel appliqué consciencieux, remarquable
technicien mais que sa trop grande franchise fit trop longtemps oublié.
Roger, est ce vraiment la retraite? |
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