Après huit heures et demie de jeu, réparties en quatre matches de quatre-vingt-dix
minutes, tous agrémentés, d'une prolongation de trente minutes, le Club
de Français s'est, finalement qualifié pour les quarts de finale de la
Coupe de France en battant, par 2 buts à 1, l'Olympique de Marseille.
Dimanche prochain, il rencontrera Excelsior Roubaix en un quart de finale,
qui aurait dû se jouer le 8 mars ; le vainqueur de la rencontre aura affaire,
le 12 avril, en demi-finale, à l'O.G.C. Nice, sur un terrain qui n'est
pas désigné et qui sera peut-être le Stade Olympique de Colombes. |
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Dimanche à Colombes, les deux équipes s'affrontaient pour la cinquième
fois.
Le 8 février, elles faisaient match nul à Marseille, 1 à 1 |
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le 22 février,à Buffalo, l'O.M. battait le Club par 2 à 0 ; mais une réclamation
contre Wernicke était si bien admise par la Fédération que celle-ci donnait
match à rejouer.
On alla donc, le 8 mars, à Strasbourg où l'arbitre déclara que la neige
rendait le champ de jeu impraticable.
De Strasbourg, on alla passer quelques jours chez soi pour se retrouver
le 15 mars à Sète où l'on fit encore partie nulle, 3 à 3.
Avant-hier, la rencontre débuta de nouveau sur le mode connu : l'O.M. grâce
à une très belle action personnelle de Gallay, marqua le premier but ;
Mercier égalisa, à la suite d'un splendide exploit aussi, qui lui permit,
après avoir dribblé Durbec, de reprendre le ballon en demi-volée, du pied
gauche, et de battre irrémédiablement le gardien marseillais Allé. |
Ces deux points obtenus, les équipes marchèrent, courbées sous le signe
d'une fatalité mystérieuse, vers la prolongation, qu'elles atteignirent,
en effet, sans encombre.
Là, la justice immanente décida du sort de la partie ; elle s'inclina devant
les mérites du Club et lui accorda, par l'intermédiaire de Boros, le point
de la victoire, sept minutes avant la fin de la demi-heure.
Le Club après un engagement désastreux et une incertitude qui dura vingt-cinq
minutes, trouva sa cadence et prit la direction des opérations.
Il domina sa fatigue, une fois cette lente mise en train passée, tandis
que l'O.M. semblait avoir jeté tout son feu au début et ne jouait plus
qu'à la cravache. |
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Marseille avait adopté la fameuse tactique en W, qui répartit l'équipe
en cinq lignes dans le sens de la profondeur ;
le gardien, les arrières, les demis, les intérieurs et les trois avants,
des ailes et du centre.
Cette disposition aida considérablement la tâche des demis, qui avaient
besoin d'être soutenus, mais elle voua les avants à l'oubli. Alcazar surtout
en première mi-temps, servit avec netteté et à propos son ailier Gallay,
et celui-ci fournit tout le travail utile de l'attaque ; puis Alcazar,
à force de se replier, se fatigua, s'usa et livra tellement combat pour
la possession du ballon, qu'il n'eut plus de loisir de penser à Gallay.
Boyer, au centre, a paru alenti, déprimé, désabusé ; |
A l'aile droite, Durand fut parfaitement oublié par son intérieur, Schneebeli,
qui n'a rien de l'avant à aucun point de vue.
Les attaquants marseillais sentaient si bien leur inefficacité qu'en seconde
mi-temps ils permutèrent les uns avec les autres. Boyer passa intérieur
droit, le pauvre Schneebeli devenant le conducteur de l'offensive : puis
Boyer glissa jusqu'à l'aile, Durand occupant le poste d'intérieur. Et,
dans la prolongation, Boyer reprit sa place d'avant-centre, Schneebeli
étant relégué, exilé à l'aile droite.
Où est la grande ligne d'avants de l'O.M. qui gagnait tous ses matches,
même avec des demis et des arrières de classe moyenne ? |
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Il ne reste plus que Boyer, devenu l'ombre de lui-même, et Gallay, qui
fit, dimanche, de très bonnes choses, mais qui ne fut pas suffisamment
approvisionné.
Je ne me rappelle pas avoir vu une seule passe du demi gauche. Lefèvre
à son ailier ; en deux heures de match, l'occasion devait tout de même
bien se présenter, que diable !Allé a fait son devoir intégralement ; les
arrières Durbec et Jacquier également, bien que le jeu soit presque uniquement
destructif ; les demis se tenaient très loin des avants, mais ils avaient,
ou ils auraient dû avoir, le renfort l'Alcazar et de Schnellebeli ; ils
se montrèrent en tous cas lents, comme Harisson et Cabassu, ou dépasés
par l'allure du jeu, comme Lefèvre. |
Il reste cependant que ce sont les avants,gloire de l'O.M. qui ont perdu
le match. Alcazar et Schnellebeli n'étaient pas là au moment de l'assaut
; Boyer n'a plus de mordant ; Durand ne réussit aucune de ses rares entreprises.
Seul Gallay, s'il avait été mieux utilisé, aurait pu gagner la partie.
Le Club a largement mérité son succès, malgré la lenteur de son démarrage,
qui aurait été capable de lui valoir deux ou trois buts de retard.Il n'y
eut pas d'homme très faible dans son équipe, à part son intérieur droit,
Miramon, qui n'hésite pas à adresser des reproches à ses partenaires de
l'attaque et de la défense, alors que c'est lui qui est surtout coupable. |
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Le gardien, Séchehaye, en dépit de son mauvais blocage du shot de Gallay,
qui permit à celui-ci de rentrer en possession du ballon et de marquer
, ne commit pas d'erreur ;Parkes, moins à l'aise sur terrain sec que sur
terrain gras, garda pourtant son art de se placer et d'intervenir avant
que l'adversaire ait commencé à construire son offensive.
; Lepage a un jeu simple, net qui à son utilité.Des trois demis, tous actifs,
les plus malheureux fut Huvier, le capitaine de l'équipe, qui rata bien
des passes et même des coups de pied placés ; les demi-centre Hudry est
un honnête travailleur, qui a un fond inépuisable : |
mais le plus remarquable fut certainement le petit Logez, ancien ailier
qui a trouvé là sa voie et qui tint en respect tout venant, aussi bien
Durand que Schnellebeli ou Boyer. Logez adroit de la tête et des deux pieds,
clairvoyant est un très bon footballeur auquel on pourrait penser pour
la sélection.En avants, l'ailier gauche Boros fut le meilleur : il est
rempli de qualités d'à-propos ; son jeu est aussi facile que celui de Logez
et plus expérimenté.
Il n'abandonne rien au hasard ; dommage que sa santé soit chancelante.Et
L'avant-centre Mercier réussit de beaux mouvements, mais il sembla fatigué
et manqua d'autorité, ce qui l'empêcha de mieux réaliser. |
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L'intérieur gauche Rigolet commet des erreurs en revanche, il est capable
des prouesses les plus inattendues. Enfin, l'ailier droit, Gilloux, qui
n'a rien d'un champion, joua cependant mieux que l'ailier droit adverse,
Durand.
l est vrai que ce dernier fut plus figurant qu'acteur. Le club s'est justement
qualifié pour les quarts de finale. Ne va-t-il pas se présenter dimanche
en équipe fatiguée, devant un adversaire frais ? C'est à craindre. A l'entraîneur
et aux dirigeants d'aviser. |
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