OM Olympique de Marseille

31 Mars 1946 Stade Français OM 3 à 1, du Grand Ben Barek

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Coupe de France 1/4 de Finale

Quand on prend du galon, se dit le Stade Français, on n'en saurait trop prendre.
Et le voilà de la sorte demi-finaliste de la Coupe.
Moins, en vérité, parce qu'il s'est surpassé qu'en raison de la médiocrité accusée par l'équipe marseillaise.
La rencontre gagnée par le Stade (3-1) débute par un coup de théâtre pour se terminer de façon languissante, ce qui est contraire à toutes les règles de la mise en scène.
Après trois minutes de jeu De Mareville s'échappa et marqua.
Hélas ! l'ailier marseillais devait s'en tenir là ainsi que ses coéquipiers de la ligne d'attaque.
Au contraire les avants Stadistes ayant pris un départ laborieux n'égalisèrent qu'à la 25e minute, grâce à Mandaluniz. Brageon marqua à son tour à la 41e et en deuxième mi-temps aggrava la défaite marseillaise à la 71e minute.
L'équipe de l'O.M. n'est pas toujours bien servie par ses avants qui commettent bien des maladresses.
Au Parc des Princes, à vrai dire, ces avants ont manqué non seulement de dextérité, mais aussi de perçant et plus encore d'habileté manoeuvrière.
Ainsi la tradition des Crut, Devaquez et Boyer est presque perdue.
Pour se tirer d'affaire malgré ce handicap, l'O.M. ne pouvait se passer d'une arrière défense très sûre.
Or, l'arrière gauche Charpin, qui remplaçait Hadjidji, fit nettement figure de débutant et laissa toute liberté à Brajon qui ne manque pas d'en profiter.
Lorsque Wartel s'avisa de faire permuter Charpon et Dahan il était trop tard.
C'est donc peut-être avant tout à son manque de réserves que l'O.M. doit sont élimination de la Coupe.
Le Stade avait tout lieu d'être inquiet, car Ben Barek avait des démêlés avec son genou. Or, cette circonstance loin de désavantager l'équipe parisienne, la favorisa quelque peu.
En effet, de crainte d'ête mis à mal par quelque adversaire accrocheur, Ben Barek s'interdit tout dribbling, toute feinte inutile.
Et se bornant à faire ouvertures et passes, sans perdre de temps, il donna de nombreuses occasions de marquer à ses camarades qui, malheureusement n'en tirèrent pas grand profit.
Ainsi qu'ils soient atteints dans leur vitalité par l'âge ou par une blessure, les footballeurs tendent vers l'économie des efforts, vers un jeu dépouillé qui touche à la perfection.
En ce qui concerne la maladresse, les avants stadistes -non compris Ben Barek, bien entendu- n'ont rien à envier aux Marseillais, car s'ils réussirent trois buts ils en manquèrent bien davantage, et dans des conditions telles q'uon leur trouverait difficilement une excuse.
Berbette, le héros d'Angers Brajon qui tient plutôt du coureur que du footballeur et même Mandaluniz ne se comportèrent pas en shooteurs bien redoutables. Par ailleurs Cornet apparut très inférieur à ses partenaires.
En sommes, le Stade peut se réjouir, mais non pas se glorifier d'une victoire ainsi acquise.
A noter que cette fois son entraîneur n'eu pas recours à son procédé familier de renforcer la défense dès que l'équipe a pris l'avantage.
Il n'a donc plus confiance en la politique du "béton". Herrera, je crois n 'a rien à regretter, car en laissant hier Luciano à l'avant, il a permis à Mandaluniz de marquer un troisième but, et d'autres buts auraient dû normalement suivre. Le bon sens a toujours le dernier mot.