Il semble que seule la Coupe puisse porter
un public neutre à un tel degré d'exaltation
que l'était dimanche, au Parc, le public
parisien. Il semble que la Coupe seule puisse
exalter une équipe au point où l'était celle
de Marseille.
D'emblée, l'immense majorité des 38.000 spectateurs
vibrèrent en faveur des footballeurs à la
tenue blanche.
Ils le firent au départ, sentimentalement,
parce que l'O.M. avait été battu 6-0 à Reims,
en Championnat, le dimanche précédent, et
que le sentimental public de Paris se met
toujours au départ, du côté du plus faible.
Sans doute ausi Reims le déçut-il. Reims
meilleure équipe française en valeur absolue.
Reims l'étincelant, qui l'avait subjugué,
un mois plus tôt, en contraignant finalement
le Racing à baisser les bras après que l'équipe
parisienne lui eut donné longtemps une fort
bonne réplique (6-2 en 32e de finale).
Ce jour là Reims avait joué en virtuose :
la grande classe internationale la parfaite
et facile décontraction ; art, maîtrise et
subtilité, avec jaillissement continu d'étincelles
irrésistibles : ce qui se fait de mieux en
France,
Mais l'inspiration choisit ses jours. Dimanche,
Reims ne l'a point trouvée. Ce n'était pas
très mal, mais ce n'était pas non plus très
bien. C'était moyen, honnête, c'eût été plus
qu'acceptable de la part de toute autre équipe
française.
Mais, de la part de Reims, c'était du champagne
un peu éventé.
Au Parc, l'équipe de Jonquet a joué au rythme
habituel du Championnat, un match quelconque
et qu'elle eût certes pu gagner devant un
advesaire quelconque.
L'O.M. , dimanche, n'était point cet adversaire-là.
Si vraiment existe le rythme de Coupe, on
dira que l'O.M. a joué sur ce rythme-là.
Il a tiré le summum de sa mécanique. Reims,
lui, "n'a pas trouvé ses chevaux".
Pour que Reims puisse battre Marseille, dimanche,
il eût fallu que Kopa fut au diapason de
son compère Glovacki. Il eût fallu, en lieu
et place d'un Lundqvist, aussi pâle de tenue
que de visage, le Michel Leblond de la première
mi-temps de Reims-Racing.
Il eût fallu un Appel en verve.
l eût fallu, enfin, une défense égale....
à sa réputation, et qui fut ecartelée.Un
homme à la base de cet écartelement : Gunnar
Andersson.
Curieux phénomène du football. A part son
crochet court et rêche (rêche comme toute
sa personne), où est son "style"
? Mais toujours à la pointe du combat. Et
taillant là-dedans à rudes coups de serpe.
Et "flairant" le but adverse comme
un setter le gibier.
Et ne renonçant jamais : même après avoir
été en butte à toutes sortes d'attentions
plus ou moins gracieuses de ses opposants,
n'est ce pas Cicci ? n'est-ce pas Zimny ?
Les deux buts d'Andersson (35e et 58e minutes)
suivirent de très peu deux actions extrêment
dangereuses du même auteur et qui eussent
pu faire mouche, elles aussi.
Ces deux réussites furent ainsi d'inéluctables
conclusions à de terribles coups de boutoir
marseillais, chacun d'eux venant mettre fin
à des tentatives rémoises de reprendre le
match en main, et au moment même où l'on
pouvait penser que l'O.M. allait fléchir...
C'est dire l'influence qu'eut l'attaquant
suédois sur le sort de la rencontre. De quoi
décourager les Rémois !
Ce dont se mêla également Ben Barek en marquant
un 3e point (67e) ceci indépendamment de
son action aussi soutenue que lucide.Mais
Scotti (organisateur de première force),
mais Salem, mais Angel, mais Johansson et
les autres apportèrent également leur contribution
à l'édification de ce succès, mérité, qui
aura fait revivre aux quelques supporters
de l'O.M. présente au Parc, les grandes journées
de Coupe... d'autrefois !