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12 Mai 1979
Stade Vélodrome OM bat Nantes 4 à 2 (2 - 2)
Arbitre Mr Wurtz 40323 Spectateurs
BUT BUIGUES (33'), TRESOR (43'), SIX (49' s.p.), BOUBACAR (76')PECOUT (6'),
TROSSERO (25')
OM MIGEON, BAULIER, ZWUNKA V, TRESOR, BRACCI, FERNANDEZ, BUIGUES, LINDEROTH,
BOUBACAR, BERDOLL, SIX (SIKELY 68') Entraineur ZWUNKA
NANTES BERTRAND-DEMANES, BOSSIS, RIO, MICHEL, TUSSEAU, SAHNOUN, MULLER,
RAMPILLON, TROSSERO, PECOUT (BARONCHELLI 29'), AMISSE Entraineur VINCENT |
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Robert Budzinski, qui n'était pas tout à fait du genre sentimental au temps
où il instrumentait du côté de Nantes, a bien dit samedi soir le mot qui
s'imposait : "Pas de doute, laissa-t-il tomber, le hurrah-football,
le football de combat, ou si vous préférez les tripes et le coeur, ce n'est
décidément pas notre fort."
L'O.M. vient encore de nous le prouver.
Pourvu qu'un jour, à la longue,nous soyons capables de retenir la leçon."Toutes
les épreuves par élimination directe, qu'il s'agisse de Coupe d'Europe,
de Coupe nationale ou tout bonnement de Coupe régionale, ont ceci en commun
qu'elles tiennent autant à la moelle qu'à la technique. Et si l'O.M. est
à ce jour le recordman incontesté de l'épreuve-K.-O., c'est bien parce
qu'en ce domaine précis les Olympiens ont quelque chose de plus que les
autres. |
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On ne donnait pourtant pas cher de leurs chances à ces braves Marseillais,
lorsque Nantes leur porta deux coups qui semblaient mortels pendant la
première demi-heure de jeu.
Le mistral, qui soufflait avec force depuis la veille, parut en rester
lui-même interdit.
On ne se doutait pas alors que, précisément, le vent du nord à peine tombé
allait engendrer une autre tornade;
Donc, l'O.M. mené 2-0 semblait perdu corps et bien et le public marseillais,
que l'on n'avait plus vu aussi dense depuis un certain O.M.-Ajax de fameuse
mémoire (1972) en vint même à applaudir les riverains de l'Atlantique. |
Elles étaient d'autant plus compromises, les chances olympiennes, que ni
Berdoll ni Six, les habituels arbalétriers, ne réussissaient à se défaire
de l'emprise adverse.Et le brave Didier, que la nature a doté des dons
exceptionnels que l'on sait, secouait souvent sa crinière comme s'il n'en
revenait pas.
Mais si à l'impossible nul n'est tenu, les joueurs marseillais allaient
prouver au fil des minutes qu'il ne coûte tout de même rien de vouloir
tenir la gageure?.
Question de tempérament et de respect du public question de panache aussi. |
Ce fut dès lors la folle sarabande, l'incroyable course-poursuite, les buts succédant aux buts, l'affolement d'une défense nantaise complètement désemparée, à l'image de Michel, de Tusseau et plus encore de son gardien Bertrand- Demanes. |
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Il est vrai que la poussée marseillaise, alors fut extraordinaire. Sous
l'impulsion d'un Boubacar qui se ruait avec frénésie sur toutes les balles
perdues, l'O.M. multiplia les assauts, entrepris le siège du but nantais
Dans les tribunes, le public d'abord surpris puis conquis par tant de bravoure,
hurlait à en perdre haleine. |
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Les gens étaient debout. La tension prenait parfois la forme de paroles
déplacées et, sur le terrain, elle engendrait quelques gestes de nervosité
que M. Wurtz avait bien du mal à réprimer.
Il ne semblait d'ailleurs pas lui-même, l'arbitre alsacien, dans cette
sorte de cuvette du diable où tout se jouait à quitte ou double. Lui, d'ordinaire
le premier sur le ballon, était souvent à la traîne et, de ce fait, il
dut fermer les yeux sur pas mal d'actions litigieuses. mais c'était la
Coupe, avec tout ce qu'elle engendre d'exceptionnel et parfois de sordide.
Alors on n'y regardait pas trop. |
Toujours est-il que sous l'insoutenable pression olympienne, Nantes craquait
de tous les côtés, n'arrivait plus à tenir la balle
On avait déjà vu ça en d'autres circonstances, à Cardiff, à Voejle et,
puis récemment, à Saint-Etienne. Toujours le péché mignon des "canaris".
Question de moelle, on vous le dit !
Lorsque Bertrand-Demanes, perdant complètement la tête, s'y prit de telle
manière qu'il encaissa un quatrième but, on crut à l'impossible.
l restait alors un quart d'heure à jouer et l'O.M. poursuivait son invraisemblable
équipée. Hélas pour lui, Six n'en était pas -il fallut même le remplacer
par Sikely-et Berdoll lui-même n'arrivait pas à apporter au puissant, au
généreux "Bouba" déchaîné, les appuis souhaitables. |
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Six, précisément avait manqué une balle de match facile à quarante minutes
de la fin. Ce coup le marqua peut-être. Et il marqua parallèlement l'O.M.,
puisque ce but qui était à sa portée compta lourd à l'heure du bilan global.
On ne pourra pas dire, en tout cas, que l'O.M. n'a pas tout tenté pour
renverser la vapeur. |
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Compte tenu de la façon dont cela se passa, ce fut même prodigieux et l'on
ne doute plus à présent que la bande à Zvunka, avec une pareille motivation
et tant de générosité dans l'effort, pourra repartir bientôt à la conquête
d'autres lauriers.
Avec en plus un ou deux grands joueurs qui, d'une manière ou d'une autre,
débarqueront sous peu sur la Canebière. |
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Dans l'affaire, bien qu'éliminée, l'O.M. a signé une sorte de pacte avec
son public. Un public certes turbulent et impatient, mais un public à faire
pâlir d'envie tous les clubs de l'hexagone.
Cette défaite de Coupe aura été au fond pour l'O.M. la plus belle des promesses.Quant
aux Nantais, qui tenaient le bon bout et qui, en fin de compte, connurent
les fortes chaleurs que l'on sait pour empocher leur billet de qualification,
ils ont montré, on ne le dira jamais assez, le meilleur et le pire au gré
des turbulences. |
Dans cet ordre d'idées, on a retenu que Henri Michel, tout aussi valeureux
qu'il puisse être -et en cela nul ne songe à le discuter, pas plus qu'on
ne contestera sa grande volonté-, est davantage un libero de gala qu'un
verrouilleur de tourmente.
On ne s'improvise pas libero du jour au lendemain, surtout quand il y a
péril en la demeure.
Car on ne peut tout de même pas oublier ce qui s'est passé à la vingt-neuvième
minute au Stade-Vélodrome, au moment où Pécout avait marqué un but et s'était
trouvé à l'origine du second, il avait même posé des problèmes à Trésor
en personne. |
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