Basile Boli (France-Football)
"Moi je sortais d'Auxerre où j'avais été bercé par le marquage individuel.
Jouer en zone, ça me fatiguait ! Et quand tu arrives, tu as des gars qui,
à côté de toi, savent jouer en zone, à plat.
Goethals nous faisait tout le temps travailler ça. Parfois, on avait l'impression
que ses entraînements étaient bidon.
Je me souviens qu'on marchait. Et puis, il disait brusquement : "Manu
! Dégage !" Il enlevait alors Amoros de notre défense et balançait
le ballon côté droit. |
|
|
"Nous, on devait apprendre à bouger en bloc, vers le côté droit, pour
compenser sa sortie, Di Meco. Ou Mozer . Et à chaque fois on devait s'adapter.
Mais la chose la plus importante à ses yeux, c'était la nécessité de défendre
en avançant."
FF Il vous faisait travailler là-dessus tous les jours ?
"Tout le temps. On défendait très, très haut, au moins à trente mètres
de notre but.
On défendait toujours en avançant. (Basile réfléchit et fait longuement
silence. Les souvenirs...) Bon sang, c'est maintenant que je ressens les
choses !
Tout ce travail tactique me semblait fastidieux. on avait des mecs qui
comprenaient bien tout ça. "
|
Mieux que d'autres, mieux que moi !
Casoni était déjà un très, très bon tacticien. il n'était pas rapide, il
n'était pas grand, il n'était pas physique, mais il avait ce truc : le
timing, le placement, l'intelligence tactique ;
Amoros, c'était pareil. Et Carlos aussi.
Moi, j'étais le plus rapide. Mais je me disais toujours put... j'étais
dans un noyau extraordinaire.
Pour évoluer, il n'y avait pas mieux.
|
|
|
FF Mais vous ne bossiez pas que la défense ?
Nooon ! Didier Deschamps et Sauzée étaient nos entraîneurs-joueurs, des
relais sur le terrain. Eux, leur devoir, c'était déjà de placer leurs attaquants.
Et de faire écran. Pas besoin que le mec fasse cinquante courses. A partir
du moment où ils étaient bien en place, tout était plus facile. Mais il
y avait des choses in-ter-di-tes. Inadmissibles.
(Il prend son bloc comme le faisait Goethals et griffonne des flèches)
|
Les centres ! Noon ! Tu peux regarder les cassettes, il n'y en avait pas!
On pouvait se faire déborder mais on ne pouvait pas accepter qu'un centre
tombe dans nos vingt mètres.
A parti du moment où un attaquant arrivait à passer sur le côté, moi, j'arrivais
- pchuiiittt ! - et j'intervenais. C'était un travail de bloc. On était
au point. Quand Angloma sortait, il ne regardait pas derrière. Tout le
monde se déplaçait et Di Meco passait libero.
Sur une phase comme celle-ci, je pense qu'on enlevait 20 %, c'est énorme.
|
|
|
|
|