6 Novembre 1955 Lyon et OM 1 à 1 à Gerland

Résumé Saison
Gerland Lyon et l'OM 1 à 1 (1 - 1)
Arbitre Mr Machin
20458 Spectateurs
OM PONCET, GRANSART, JOHANSSON, MOLLA, MARCEL, SCOTTI, PALLUCH, CONSTANTINO, ANDERSSON, MERCURIO, LE GALL Entraineur ROLHION
LYON ALBERTO, MOUYNET, LEROND, NOWAK, MONNET, KNAYER, FARMANIAN, RAMON, SCHULTZ, ANTONIO, KERMALI Entraineur TROUPEL
BUT ANDERSSON (10'), KERMALI (41')
Plus de vingt mille spectateurs au stade municipal de Lyon pour le match des presque homonymes O.L.-O.M. ce n'est pas mal. Mais Lyon occupe au classement de l'élite du football une position jamais atteinte.
Et il faisait dimanche, au confluent de la Saône et du Rhône, un temps, non pas de novembre mais de mai.
L'immense et archaïque stade de Gerland avait donc mis ses habits verts.
Dans les pelouses qui s'étendent derrière chacun des deux buts et qui séparent le terrain des spectateurs des virages, jouaient des enfants en costumes multicolores.
Un grand match de football à Lyon a toujours, à cause de cela, un air bon enfant, souriant, un air de kermesse joyeuse.
Les hauts-parleurs réglés très fort et mieux alimentés en publicité que ceux de Marseille ou de Lille renforçaient encore cette impression.
Et de jolies fillettes vêtues aux couleurs lyonnaises accueillaient gentiment les spectateurs.
Seul élément discordant dans cette atmosphère de gaité ; le vent qui soufflait vigoureusement du sud et faisait claquer les drapeaux des supporters.
Ce vent venait de Marseille.
Il aida donc les Marseillais en première mi-temps. Et en deuxième mi-temps alors que Lyon espérait à son tour profiter de son aide, il tomba complètement !
Cela ne suffit pas bien sûr à expliquer la médiocre exhibition de l'équipe lyonnaise après le repos.
Alors qu'en première mi-temps Lyon d'abord dominé par son advesaire avait repris le dessus, construit un football solide, cohérent et égalisé, on eut l'impression en deuxième mi-temps qu'il ne restait plus rien de ses bonnes intentions contre une équipe marseillaise de plus en plus repliée en défense, de plus en plus décidée à se contenter du match nul.
Lyon restait pratiquement sans initiative ; on eût dit un acteur auquel manque tout à coup la réplique d'un protagoniste et qui est incapable d'improviser.
Habitués à jouer en challenger fatal devant des équipes qui font le jeu et se livrent totalement les Lyonnais ne savent plus quoi faire quand on les traite en champions et quand on les laisse dominer. Habitués à donner une réponse ils resent sans voix quand on attend qu'ils posent eux-mêmes les questions.
Lyon avait deux avants centre dimanche... et n'en avait aucun. L'avant centre nominal était Ernie Schultz, mais l'avant centre réel était le numéro 8, Ramon ; c'est lui qui se tenait à la pointe du combat tandis que Schultz, en retrait, devait assurer le relais des balles qui venaient des demis ou des ailiers. Mais à cette tactique Marseille répondit par une tactique de plus en plus répandue et contre laquelle il est vain de protester, celle de l'arrière "volant" doublant l'arrière central. Ramon n° 8 était suivi comme son ombre par Scotti n° 6 ;
Schultz était marqué le plus souvent par Marcel n° 4 et il restait le n° 5, Johansson pour surveiller les opérations et intervenir au bon moment.
Schultz étant anihilé, Ramon se morfondait en attendant des balles qui n'arrivaient pas. C'est pourquoi les deux attaquants lyonnaiis les plus dangereux furent les ailiers Farmanian et Kermali. C'est d'ailleurs sur un centre du premier et une reprise du second que fut réussi l'unique but lyonnais.
Gransart est un excellent arrière (et non moins remarquable attaquant puisque c''est lui qui amena le premier but marseillais au terme d'une échappée fulgurante) et il fut déterminant dans la défense du but phocéen.
Le procédé inventé par Scotti pour gagner du temps est encore plus machiavélique. Lorsqu'il s'agit de faire une rentrée en touche, il s'avance lentement de deux, trois, cinq, dix mètres sur la ligne avec le ballon à bout de bras. Le public siffle ; l'arbitre finit par intervenir et Scotti recule lentement s'incline gentiment devant l'arbitre et finit pas scorer sa touche, Gain : vingt secondes environ. Il est extrêmement /difficile à un arbitre d'intervenir dans ce cas. Celui du match Lyon-Marseille s'appelait M. Machin. Il aura du mal à se faire un nom.