4 Juillet 1954 Allemagne bat Hongrie 3 - 2 (2-2) à Berne
64000 Spectateurs
Arbitre William Ling (Angleterre)
Buts Allemagne Morlock 10'eme Rahn 18eme, 84eme
Hongrie Puskás 6eme Czibor 8eme
Hongrie Grosics - Buzánszky, Lantos - Bozsik, Lóránt, Zakariás - Tóth,
Kocsis; Hidegkuti, Puskás, Czibor
Entraîneur Gusztáv Sebes
Allemagne Turek - Posipal, Kohlmeyer - Eckel, Mai, Liebrich - Rahn, Morlock.
O. Walter, F. Walter, Schäfer
Entraîneur Sepp Herberger
Quatre ans après la passion brésilienne du stade Maracana, la Coupe Jules
Rimet retrouve l'Europe et un environnement plus feutré, la compétition
ayant lieu en Suisse.
Mais que l'on ne s'y trompe guère, un spectacle hallucinant a bien eu lieu
sur le terrain.
Invaincue en 28 matches internationaux, la Hongrie part favorite avec des
joueurs de la trempe de Puskas, Boszik, Kocsis et Hidegkuti, ainsi qu'un
titre de champion olympique.
Mais la tristement célèbre "bataille de Berne" entre les Hongrois
et les Brésiliens - qui voit l'expulsion de trois joueurs et une bagarre
générale dans les vestiaires - vient ébranler les espoirs des Magyars...
Après avoir mené 2-0 en finale contre la RFA, qu'ils avaient battue 8-3
au premier tour, ils s'inclinent finalement 3-2.
Il était inscrit que la Coupe du Monde de la FIFA 1954, organisée par la
Suisse au pied des Alpes, atteindrait des sommets.
On n'avait jamais vu autant de pays participer aux qualifications. La création
de l'AFC (Confédération Asiatique de Football) en 1954 et la participation
d'équipes asiatiques (Japon, Corée) et africaines (Egypte) donnent à l'événement
une dimension mondiale.
Seize équipes atteignent la phase finale, soit trois de plus qu'au Brésil
lors de la précédente édition.
L'Amérique du Sud est représentée par l'Uruguay, le Brésil et le Mexique
; l'Asie par la Corée (la première équipe asiatique à s'être qualifiée
était les Indes orientales néerlandaises en 1938).
Quant à l'Europe, elle aligne l'Autriche, la Belgique, la Tchécoslovaquie,
l'Angleterre, la France, la Hongrie, l'Italie, l'Ecosse, la Suisse, la
Turquie, la RFA et la Yougoslavie.
Ce nombre de participants devait rester inchangé jusqu'à la Coupe du Monde
de la FIFA 1982, en Espagne, où il grimpe à 24.
Les magiques Magyars
La qualité du football déployée sur les pelouses des cinq villes d'accueil
- Bâle, Berne, Lausanne, Zurich et Genève - atteint des hauteurs vertigineuses.
Un record de 140 buts est enregistré en l'espace de 26 rencontres, soit
une moyenne de 5,38 buts par match ! Ce record n'a jamais été battu depuis
lors d'une phase finale de la Coupe du Monde de la FIFA.
Les Hongrois, champions olympiques deux ans auparavant et invaincus depuis
mai 1950 (27 victoires et 4 matches nuls sur un total de 31 matches), partent
grands favoris.
Dès le début de la compétition, les "magiques Magyars", qui comptent
dans leurs rangs Ferenc Puskas, Jozsef Boszik et Sandor Kocsis, démontrent
leur puissance, atomisant la Corée (9-0) et l'Allemagne (8-3), certes en
sous-effectif.
En quart de finale, les Hongrois, toujours dans le coup, triomphent des
Brésiliens (4-2) au cours d'un match très tendu qui finit en bataille rangée
dans les vestiaires, impliquant joueurs, entraîneurs et délégations respectives.
On retiendra surtout que deux équipes européennes créent la surprise. Tout
d'abord, la Suisse l'emporte sur l'Italie, humiliant son adversaire, qui
doit pour la première fois quitter la compétition dès le premier tour.
Les Helvètes sont ensuite battus par l'Autriche (5-7, un autre record !)
au terme d'une lutte acharnée.
Les Allemands marchent alors d'un pas assuré vers la finale, où ils retrouvent
leurs victorieux adversaires du premier tour : les Hongrois. Les spectateurs
parient que la magie des Magyars opérera une nouvelle fois et, en effet,
la Hongrie mène rapidement de deux buts. Mais, en dix minutes légendaires,
les Allemands renversent la vapeur. Et le meilleur reste à venir... Après
une frappe sur le poteau des Hongrois, Helmut Rahn inscrit le but gagnant
pour l'Allemagne à six minutes du coup de sifflet final. Il est bien aidé
par le gardien hongrois, Gyula Grosics, qui glisse sur l'herbe mouillée
et offre le match à la Mannschaft.
Cette scène qui devait marquer l'histoire de la Coupe du Monde de la FIFA
se déroulait au stade Wankdorf à Berne, le dimanche 4 juillet 1954. Pour
les Allemands, cette première victoire en Coupe du Monde de la FIFA devait
annoncer d'autres succès, comme l'histoire le démontra plus tard.