OM Olympique de Marseille

Coupe de France 1972 OM Bastia 2 à 1

Archives Miroir du Football François Thébaud

4 Juin 1972 Parc des Princes
OM bat Bastia 2 à 1 (1 - 0)


Arbitre Mr Frauciel, 44069 Spectateurs
Buts Couecou (15e) Skoblar (73e) Franceschetti (84e)
OM Carnus - Lopez, Bosquier , Zvunka, Kula - Novi, Bonnel (Hodoul 78e) - Magnusson, Gress, Skoblar, Couecou Entraineur ZATELLI
BASTIA Pantelic, Mosa, Luccini, Savkovic, Tosi, Calmettes, Dogliani, Kanyan, Félix, Franceschetti, Giordani puis Papi (78e). Entraineur Cahuzac
Article Miroir du Football
de François Thébaud
De même que Cruyff et Keizer ont quatre jours plus tôt pallié les insuffisances constructives d'Ajax, en forçant la décision dans la finale de la Coupe d'Europe, de même Skoblar et Magnusson ont masqué l'indigence constructive de l'O.M. dans la finale de la Coupe de France.
Par deux fois en effet, aux 15e et 73e minutes, un centre aérien brossé de Magnusson, consécutif à une série de dribbles, à trouvé la tête d'un de ses partenaires.
Et la seconde fois, imitant en cela Couécou, le Yougoslave ne s'est pas fait faute d'utiliser au mieux le service du Suédois pour battre son compatriote et ami Pantelic.
Grâce aux exploits de ses étrangers, l'O.M. a donc remporté la huitième finale de coupe de son histoire (record amélioré), ainsi que son premier doublé.Mais de plus, cete victoire a été remporté aux dépens d'une formation, Bastia, qui copie le "réalisme" de l'Inter de Milan.
Sans doute parce que les retransmissions télévisées en provenance de l'Italie lui permettent d'en apprécier toute la portée
Toutefois, la comparaison de Marseille avec Ajax s'arrête à l'influence décisive de deux individualités marquantes et à la nature de l'opposition.
Et ce n'est pas le fait du hasard si l'O.M., alors bien meilleur collectivement qu'à l'heure actuelle, s'est fait éliminer assez nettement en début de saison par le club hollandais !
En effet, tactiquement, l'O.M. , une fois entériné le départ de Lucien Leduc, a repris le chemin du marquage individuel rigoureux
Bosquier se tient parfois très loin de ses arrières et ne se laisse aller que rarement aux montées offensives dont il nous gratifiait généreusement précédemment.
Quant à la relance, elle n'est plus très soignée comme elle devait l'être, alors que le démarquage s'avère complètement inexistant.
Enfin les intentions offensives sont reléguées à l'arrière-plan.
Le plus souvent, seuls trois ou quatre, très rarement cinq Marseillais, se trouvent dans une position d'attaquants.
Il est en fait heureux pour l'O.M. qu'il possède deux éléments aussi aptes à faire la décision individuellement que Magnusson et Skoblar.
Le Suédois, très critiqué toute la saison par ses détracteurs, qui lui reprochent son manque d'engagement, a réussi contre Bastia l'une des meilleures parties de sa saison.
Et l'O.M. a été semble-t-il bien inspiré en lui renouvelant son contrat pour deux saisons encore.
Quant à Skoblar, on ne le présente pas.
Si Couécou, tout au long de l'année, a étalé des progrès dans le jeu constructif et a inscrit des buts décisifs, le Yougolave s'est imposé une nouvelle fois comme le buteur numéro un, toujours présent dans les grandes occasions.
En fin de saison, l'O.M. a confié plus que jamais ses destinées à ses deux vedettes, aptes à exploiter avec un maximum d'efficacité des contre-attaques lancées à partir d'une défense renforcée. 
Au cours de la première mi-temps pourtant, on espéra que Marseille fournirait une prestation honorable. Le souci principal était, semble-t-il, de ne pas gaspiller inconsidérément la balle. Bien qu'il s'agit là bien plus d'une conservation du ballon par ses joueurs à la fois plus expérimentés et plus maîtres de leurs nerfs, malgré un nombre d'attaquants la plupart du temps insuffisant, on retrouvait malgré tout en partie ce Marseille qui, sous la houlette de Leduc, avait sans conteste dominé une moitié du championnat.
De son côté, Bastia n'était pas non plus tellement animé d'intentions belliqueuses. La prudence l'emportait nettement sur la volonté d'aller de l'avant. Durant toute cette première période, il avait joué le rôle de faire-valoir
Cahuzac, son entraîneur trop tôt encensé, avait bien voulu espérer que sa formation fournirait un spectacle de qualité.
Encore aurait-il dû donner des consignes dans ce sens. Et obliger Savkovic à occuper une position plus avancée par rapport à ses partenaires. Il n'en était bien sûr pas question !
Et Bastia, en plus d'une indigence flagrante dans la construction, y ajouta l'emploi de tous les moyens répréhensibles pour stopper l'adversaire. Calmettes, Luccini et même Tosi ne se souciaient guère de l'intégrité physique de leurs opposants. Et Tosi notamment ne savait comment s'y prendre pour enrayer les raids dévastateurs d'un Magnusson virevoltant comme à ses plus beaux jours.
Par deux fois, Pantelic avait dû s'employer pour arrêter deux tirs dangereux de Skoblar. A la 11e minute, le Yougoslave avait magnifiquement percé entre deux défenseurs, et à la 22e minute, il avait conclu un superbe une-deux avec Couécou d'un tir sec et précis.
Si l'on ajoute que Magnusson avait été à deux doigts de profiter d'une grossière erreur de Franceschetti pour aggraver le score et que M. Frauciel aurait très normalement dû accorder à ce même Magnusson un penalty flagrant, on aura fait le tour des occasions marseillaises durant les quarante-cinq premières minutes.
C'est peu ! D'autant plus que la construction n'a pas, et de loin, la meilleure part, dans ces occasions, excepté pour le une-deux Couécou-Skoblar !
Contre toute attente, l'équipe corse allait malmener une formation marseillaise plus aussi sûre d'elle-même. Une belle action Franceschetti-Dogliani, qui hésitait à prendre sa chance, un coup franc tiré par Savkovic à la limite de la surface de réparation, auraient pu inverser la physionomie du résultat, alors que l'O.M. ne se créait plus une seule occasion de marquer, en dehors du second but de Skoblar.
Seule une tête de Franceschetti, à la suite d'un coup franc tiré par Calmettes, avait apporté un changement au tableau d'affichage lumineux.
Mais à la vérité, ce qui est symptomatique de tout un état d'esprit, c'est que ce même Papi n'ait pas été d'emblée aligné sur le terrain.
Alors que durant tous les matches que nous l'avons vu disputer depuis le début de la saison il s'était affirmé comme un élément moteur de la construction bastiaise, alors que par ailleurs Calmettes gâcha un nombre considérable de balles de construction en mettant sur orbite des fusées aisément contrôlables par les arrières marseillais, Papi dut une fois de plus se contenter des miettes du festin.
A l'applaudimètre, les supporters marseillais avaient déjà pris l'avantage sur les supportes corses dans leur match qui se déroulait parallèlement au spectacle présenté sur le terrain.
Pour l'heure, c'est pour eux la période d'euphorie.
L'O.M.a mis le point final à son premier doublé en inaugurant victorieusement le nouveau Parc des Princes.