20 mars 1991 L'OM élimine le Grand Milan AC
et devient un Grand d'Europe
20 Mars 1991 Stade Vélodrome
l'OM bat Milan AC 1 à 0 (0 - 0)
Arbitre Mr Courtney(Angleterre) 37603 Spectateurs
But Waddle (75eme) OM Olmetta - Amoros, Boli, Mozer, Casoni, Di Meco - Germain, Fournier (Vercruysse 81e) - Waddle, Papin (cap.) Pelé Entraineur Goethals Milan Rossi - Tassoti, Costacurta, Baresi, Maldini- Donadoni (Simone 74e) Rijkaard, Ancelotti (Massaro 56e) Evani- Agostini, Gullit Entraineur Sacchi
Le Milan AC de Van Basten, Gullit, Rijkard, Baresi, Maldini, Ancelotti...
est le dernier club à avoir remporté deux Champion's League de suite en
1989 et 1990.
Au match aller, l'OM avait fait match nul 1 à 1 L'OM est devenu un Grand d'Europe ce jour là
Il a confirmé au match retour le résultat du match aller
26 ans plus tard, le PSG Vainqueur de Barcelone 4 - 0
....s'inclinera 1 - 6 au retour.....éliminé!
Quand Milan est tombé au Stade-Vélodrome, l'Europe du football a d'abord
pleuré.
Elle avait trop aimé son beau champion au jeu férocement délié.
Elle avait trop rêvé, certains soirs mémorables, au spectacle étourdissant
de cet orchestre pris de folie créatrice.
Elle sentait poindre la fin d'une époque.
La fin d'une équipe qui lui avait donné la plus belle finale des temps
modernes (contre la Steaua), l'historique récital madrilène et tellement
d'autres images inoubliables.
L'événement, c'était donc d'abord l'échec du double champion d'Europe.
Marseille qui élimine Milan, c'est Santoro qui bat Lendel : on s'attache
davantage à la défaite de l'un qu'à la victoire de l'autre. Et on ne peut
en aucun cas parler de passation de pouvoir...
Les premiers instants de stupeur passés, les observateurs étrangers se
sont ensuite penchés sur le berceau marseillais. Ils se sont déclarés intéressés
par la vigueur et la beauté du bébé, mais ont refusé, logiquement et prudemment,
de tirer des conclusions trop hâtives.
L'OM a eu la force et le talent de dégommer le Milan AC, certes, et cette
référence augmente considérablement son crédit, mais il n'est pas question
pour l'instant de l'asseoir sur le trône vide.
Même les joueurs marseillais ne revendiquement rien : "Nous savons
que nous faisons désormais partie des meilleures équipes européennes, dit
Eric Di Meco.
Mais pas un joueur ne vous dira que nous sommes les plus forts en Europe"Propos
confirmés par cette analyse de Carlos Mozer : "Ce n'est pas parce
que nous avons éliminé Milan que nous sommes les meilleurs en Europe.
Simplement, pendant quelques jours, Marseille est devenu la capitale du
continent.
C'et un gros coup de projecteur, voilà tout. "
Les Italiens, et singulièrement les Milanais ont quand même été impressionnés.
Dès la fin du match aller, Massaro avait déclaré "Celui des deux qui
passera aura neuf chances sur dix de remporter la C 1." Un pronostic
vraiment farfelu. Ancelotti, lui aussi, se montre hardi :
"L'Olympique et une grande équipe. S'il fallait la situer, je ne dis
pas qu'elle dominerait le Championnat d'Italie, mais elle ferait certainement
partie des quatre ou cinq plus grosses cylindrées.
Disons au niveau de la Juventus." Ce n'et pas tout à fait le sommet
-du moins actuellement- mais c'est tout de même très haut.
C'est sur le plan tactique que les Marseillais ont le plus marqué les esprits.
"Ils sont surprenants", a dit Frank Rijkaard à sa sortie du terrain.
Et Arrigo Sacchi n'a pas économisé les superlatifs au sujet de son confrère
belge : "Marseille possède un supertacticien qui s'appelle Goethals.
Il a beaucoup apporté à l'équipe, surtout à la défense", a dit le
coach milanais.
La science de Raymond est passée auprès des joueurs. La défense en ligne,
inaugurée à San Siro, a payé une deuxième fois au Vélodrome. Et Jean Fernandez,
en adjoint admiratif, confie : "C'est la première fois en Coupe d'Europe
qu'une équipe ose prendre Milan en zone. Il fallait le faire...
" Si le prétendant n'a pas encaissé de but en deux rencontres, sauf
celui offert par Casoni à l'aller, c'est qu'il possède des arguments organisationnels
certains. L'OM ne laisse pas non plus indifférent pas ses individualités.
La vitesse de Jean-Pierre Papin est aujourd'hui européennement connue.
Pelé a séduit l'Italie en cent quatre-vingts minutes.
Les cotes de Waddle et de Mozer ont pris 200% depuis leur Mondiale raté.
Boli inquiète.
Et Stojkovic intrigue. C'est là, dans la qualité technique de chacun de
ses membres que l'OM d'aujourd'hui se démarque le plus du Saint-Etienne
d'hier.
Jamais les Verts n'ont dégagé autant de maîtrise dans le maniement du ballon
et la conduite de leurs matches. Ils étaient toujours à la limite.
Les Marseillais ont dominé Milan d'une toute autre manière.
Comme le commando stéphanois de la grande époque, en revanche les partenaires
de JPP bénéficient d'un environnement exceptionnel. L'ambiance au Stade-Vélodrome,
mercredi, était digne de San Paolo à Naples.
Ils possèdent par ailleurs une motivation hors normes.
"Une équipe assoiffée de gloire", comme la définit Sacchi.
Une équipe qui affiche aussi une grande confiance.
"Nous n'avons pas joué petit bras", dit joliment Goethals.
Malgré ses progrès, ses atouts et son extraordinaire exploit, l'OM n'est
donc pas encore roi.
Comment lui accorder un tel rang après un "coup" unique, fût-il
de maître ?
Goethals lui-même ne cesse de répéter :
"Nous avons réalisé un exploit, mais ça, tout le monde sait le faire
une fois.
Maintenant il faut confirmer. Le plus dur reste donc à venir.
" D'autant que Di Meco estime : "On ne retrouvera jamais une
pression aussi forte que celle qui s'est exercée avant la confrontation
contre Milan du fait de la qualité de l'adversaire et des deux mois et
demi de préparation."
J'ai souvenir d'un match contre le Milan AC en quart de finale de la Coupe
d'Europe des Clubs Champions, a confié l'ancien latéral gauche. C'était
le grand Milan AC. Nous on espérait un jour peut-être rivaliser avec eux
et on tombe en quarts de finale contre eux. Donc on les voyait à la télé,
car je crois que l'année d'avant ils avaient gagné la Coupe d'Europe. Je
me retrouve dans le tunnel, à côté de Rijkaard, Gullit, Baresi, Maldini,
... Ces mecs, ils étaient solides physiquement. Je me souviens, on était
à côté d'eux, on se disait surtout, on reste le torse bombé et on les regarde
dans les yeux, parce qu'il ne faut pas qu'on baisse les yeux. Alors ce
n'est pas un sport de combat comme le rugby, mais à ce moment-là, ils étaient
tellement impressionnants. Ils avaient tellement l'habitude d'écraser les
mecs, juste en rentrant dans le vestiaire à côté d'eux qu'on s'est dit
: non, surtout, ne pas baisser les yeux. En championnat, tu ne peux pas
faire le côté intox, dans le tunnel. Tu joues dix ans contre eux deux fois
par an, ils connaissent. Alors qu'en Coupe d'Europe, je prenais beaucoup
de plaisir au défi.