Le Conseil municipal de Marseille a décidé de donner le nom de Gunnar Andersson,
à une esplanade de la ville,
située juste en face du Stade-Vélodrome.
Le 9 Février 1958, l'OM bat Alès 1 à 0 au Vélodrome devant 15754 Spectateurs, et Gunnar marque son dernier but Olympien
ANDERSSON (Gunnar).
Né le 14 août 1928 à Ardika.
Gunnar Andersson fut peut-être le joueur le plus aimé de toute l'histoire de l'OM.Trop gentil, trop attachant, vraiment proche des supporters avec qui il conversait « avè l'assent ». Pourtant, rien ne destinait ce Scandinave à devenir la coqueluche de tout Marseille.
Né le 14 août 1928 à Arvika, petit bourg de la Suède du Nord, il fait des débuts prometteurs dans deux petits clubs, jouant ensuite à Goteborg avec Gren qui deviendra plus tard une star du Milan AC. Il fut recruté par l'entraîneur Wolf, du Stade Français, qui l'avait observé lors d'un tournoi à Barcelone et qui s'entendit critiquer sévèrement pour avoir dirigé sur Marseille un tel joueur au lieu de le garder tout bonnement pour lui.
Et bien sûr, Gunnar eut un curieux titre de gloire : il fut le premier footballeur qui ait été "kidnappé" (avant Di Stefano et maintenant quelques Colombiens). Alors qu'il se trouvait dans le train Paris-Marseille avec M. Wolf, lors de son arrivée, il fut invité à quitter le convoi à la gare d'Avignon.
Deux journalistes de Marseille le firent monter à bord d'une traction avant noire qui les conduisit en grand secret dans un hôtel discret proche de la Canebière. Simple épisode de la guerre qui mettaient aux prises depuis longtemps les chroniqueurs sportifs marseillais et le Président de l'OM, le tout puissant Louis-Bernard Dancausse. L'histoire fit quelque bruit autour du Vieux-Port et Dancausse faillit en attraper une jaunisse. Le patron de l'OM., en effet, n'admettait pas que l'on joua au "kidnapping" avec un gaillard qui lui avait couté quatre millions (de l'époque) plus les frais et les centimes additionnels.
Quand on voit ce que coute aujourd'hui un joueur et que l'on fait la conversion, cela représente 6000 Euros. Pas de quoi fouetter un chat. Mais on ne vit pas à la même époque.
Qui était au juste cet Andersson dont personne n'avait entendu parler?
Tout simplement un réserviste de l'IFK Goteborg que les censeurs de l'amateurisme
suédois avaient sanctionné parce qu'il touchait 25 couronnes (1.625 francs,
soit 2 Euros 50) par match alors que les meilleurs joueurs devaient se
contenter de 15 couronnes au titre de manque à gagner.
A Goteborg pendant l'hiver, il jouait au "bandy", adaptation du hockey sur glace sur terrain de football. A cette époque Gunnar vivait de son métier de ... plombier à la Compagnie des Chemins de Fer Suédois.
Un an exactement après son départ de Goteborg, tous les Marseillais s'accordaient
à dire (et la Bonne Mère sait qu'il est difficile de faire l'unanimité
dans sa bonne ville) que le suédois était un joueur en or.
Il avait suffi que Gunnar marqua quelques buts époustouflants pour que de plombier, il devint orfèvre.
Le 31 Décembre 1950, à Toulouse, Gunnar (ci-contre) marquait le premier
but de son aventure Olympienne.
Il avait été le roi des buteurs en 1952 (31 buts) en 1953 ( 35 buts et
record) et le n° 3 en 1954 et en 1955. Autant dire que l'OM lui devait
beaucoup. Il était surnommé Monsieur 50 % puisqu'il marquait plus de la
moitié des buts Olympiens. Gunnar n'aimait pas beaucoup perdre, même à
la belote.
Lors de ses débuts à l'OM. il n'osait plus sortir de son hôtel après une
défaite, tant il avait honte.
Quand son équipe fut battue le 16 septembre 1951 au Vélodrome (3-10) par Saint-Étienne (le gardien Libérati avait été blessé et on ne remplaçait pas les joueurs), il pleura, et s'attribua toute la responsabilité de la défaite, bien qu'ayant marqué les 3 buts de son équipe : «Oui, j'ai marqué les 3 buts, dit-il, mais j'aurais du en marquer onze ... »
Un humoriste s'exclama : "On en fera un bon international... français !" Et Gunnar "Marius" Andersson fut naturalisé et joua avec l'équipe de France B à Marseille au Vélodrome contre l'Italie en Février 1956.
Le départ de Kopa au Real de Madrid (à l'époque, on ne jouait pas en sélection quand on était à l'étranger) avait provoqué dans la presse l'idée que l'avant-centre Marseillais lui succèderait.
En 1957, il marqua quatre buts au champion de France Saint-Étienne (4-3), ce fut son chant du cygne avec la victoire en Coupe Drago cette même année (son dernier but ci-contre). Au début de la saison suivante, alourdi et en piètre condition physique, il ne fut plus que l'ombre de lui-même. L'OM d'ailleurs en paya les conséquences en ne se sauvant que lors de la dernière journée
A à peine 30 ans, il fut transféré à Montpellier, Bordeaux, Aix où il continua malgré tout de marquer des buts.En 1961, de retour à Marseille et sans club, il se retrouva docker sur le port de Marseille.
Le début de la dégringolade qui va inexorablement entraîner le « pôvre
» Gunnar au fond d'un gouffre sans fin. Le soir du match OM-Dukla de Prague,
le 1er Octobre 1969, alors que l'OM adule un autre Suédois, Roger Magnusson,
Gunnar tombe pour ne plus se relever. Il avait 41 ans.
Quelques jours plus tard arrivait pour la deuxième fois après une pige
en 1967 un certain Josip sur La Canebière, mais là, ce sera une toute autre
histoire.
Vous trouverez dans ces pages un certain nombre d'entre-eux, c'est ce que
Gunnar nous a laissé en héritage,
Merci aux photographes de l'époque de l'avoir immortalisé.
Article Miroir Sprint du 7 Octobre 1969
Mercredi 1er Octobre 1969
OM Dukla de Prague au Vélodrome, seizième de finale de la Coupe des Coupes....
A Marseille, un homme traverse la rue Sainte, proche du Vieux-Port.
Pris d'un malaise il s'affaisse, Sa tête heurte violemment le sol
Des passants s'empressent, un médecin intervient. Trop tard, l'homme expire.
C'est un fait divers banal dans la chronique d'une grande ville.
A Marseille, le match de Coupe des Vainqueurs de Coupe, OM - Dukla, va
avoir lieu, et au stade Vélodrome, les 26 000 personnes ne se posent qu'une
question, comment porter leur équipe à la victoire?
Suivant le formule consacrée, la vie continue .
Et demander à la foule une minute de silence ne serait ce pas risquer de
gàcher une soirée qui peut être euphorique.
Cette tragédie que fut la vie de Gunnar Andersson, s'est terminée à 41
ans, à un âge où tant d'hommes ont des raisons de penser qu'ils ont encore
l'avenir devant eux.
Pour tous les sportifs, ce doit être un sujet de réflexion, sur la fragilité
de la gloire sportive et sur la vanité de la condition de vedette, les
exemples sont nombreux que la presse, la littérature et le cinéma ont maintes
fois illustrés.
Plus dure sera la chute, mais le monde du football a été iusqu'ici un monde
qui se voulait clos pour mieux dissimuler ce voile de l'hypocrisie qui
s'est déchiré dans une ville où l'engouement et la déception prennent toujours
la forme du paroxysme.
Quant à Gunnar, il aura écrit les plus glorieux moments de la Grande Histoire
de l'OM. François Thébaud