Julien Darui fut, face à Scotti, le héros malheureux d'une autre histoire
      de penalties, entièrement authentique celle-là.  
      C'était en septembre en 1948, à l'orée de la saison.  
      L'OM champion de France, étrennait un titre précédemment détenue par Roubaix,
      son visiteur du jour, dont la cage était défendue par Darui, portier de
      l'équipe de France. | 
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      Pour les plus jeunes d'entre nos lecteurs, il faut souligner ici combien
      fut grande la contribution de Julien Darui, à l'évolution du poste de gardien
      de but : petit, mais toujours bien placé, il fut le premier à occuper l'intégralité
      de la surface de réparation, à déserter sa ligne pour mieux commander sa
      défense, à bannir l'aveugle dégagement au pied pour relancer à la main.
      C'était un grand gardien, célèbre dans toute l'Europe. Pour les plus âgés
      qui ont peut-être oublié ce détail, on peut rappeler qu'il présente la
      caractéristique rarissime d'avoir disputé quatre finales de Coupe de France
      avec quatre clubs différents : Charleville, Olympique Lillois, Red Star
      et Lille OSC. Seul Franck Sauzée, par la suite, a réussi à égaler ce record,
      avec Sochaux, l'OM Monaco et Strasbourg. | 
     
    
      Ce jour-là, Darui et le CORT tenaient la dragée haute à l'OM, menant même
      1-0 après une heure de jeu, lorsque le petit Hongrois Nagy, pressé par
      l'arrière central roubaisien Dubois, s'effondra dans la surface. Nagy il
      faut l'avouer, était passé maître dans cet art difficile. Penalty donc.
      Scotti feignit de tirer sur la droite de Darui, qui s'envola de bon coeur
      vers ce ballon imaginaire, pendant que le vrai secouait le petit filet,
      tout là-bas sur sa gauche. Ras de terre ras du montant, le contre-pied
      magistral. 
      Las ! Félix Pironti avait pénétré dans la surface de réparation avant l'exécution
      de la sentence. 
      Il fallait recommencer. Instant crucial pour le tireur qui, dans ces cas-là,
      est souvent assailli par le doute. | 
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      Son face-à-face avec le gardien prend alors un tour très particulier, comme
      dan ce jeu chinois (ciseaux, papier, caillou) où chacun doit s'efforcer
      de deviner les intentions de l'autre. Mais il en fallait plus pour décontenancer
      Scotti le placide... Il fit deux pas feinta le tir sur la droite de Darui,
      et plaça le ballon sur sa gauche. Ras de terre, ras du montant, comme précédemment.
      Jubilation sur les gradins tandis que Darui, beau joueur, allait serrer
      la main de celui qui venait ainsi de le mystifier par deux fois. 
      Mais cinq minutes plus tard, voilà que tout recommençait, près de la ligne
      de sortie, Nagy (encore lui) se trouvait à la lutte avec Dubois (toujours
      lui) et Delepaut. | 
     
    
      Et s'effondrait, comme de bien entendu... Penalty ! estima l'arbitre lyonnais,
      M. Veyret. Cette fois, le portier sortit de ses gonds. Il courut vers l'arbitre
      en protestant véhémentement puis, en tant que capitaine incita les siens
      à abandonner la partie. Réalisant l'énormité d'une telle décision, il revint
      tout de même sur le terrain mais, au moment où Scotti s'élançait pour exécuter
      la sentence, il croisa les bras et lui tourna ostensiblement le dos ! C'est
      ainsi que Darui se vit infliger le seul avertissement de sa carrière... 
      
        
          
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            à suivre dans La Grande Histoire de l'OM d'Alain Pécheral | 
           
        
       
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