8/5/1971 OM Lyon 2 - 2

Samedi 8 mai 1971,
Division 1, 31e journée à Marseille, au Stade Vélodrome :
OLYMPIQUE DE MARSEILLE - LYON 2 - 2 (1-0)
24 647 spectateurs.
Buts : Ch.Loubet, 37' ; Raymond Domenech, 57', D.Couécou, 59', Fleury Di Nallo, 81'.
OM : J.-P.Escale - J.-P.Lopez, J.-L.Hodoul, J.Zwunka, E.Kula - J.Novi, J.Bonnel - R.Magnusson, G.Gress, D.Couécou, Ch.Loubet.
Entraîneur : L.Leduc/M.Zatelli.
L'OM est accroché par Lyon qu'il avait largement battu à Gerland 4 à 1 à l'aller.
Fleury Di Nallo et le jeune Domenech ont empoisonné l'existence des Marseillais privé de Skoblar.
Mais c'est à Saint-Etienne que se passe le tournant du Championnat.
Bosquier et Carnus qui ont annoncé qu'ils quittaient les verts pour l'OM sont conspués par le public et Saint-Etienne est battu par Bordeaux.

Le tournant du Championnat
Ce match contre Bordeaux n’aurait dû être qu’une étape vers un cinquième titre.
Au pire, une occasion manquée. Il marqua, plus que la défaite, la perte du titre et la fin du premier âge d’or stéphanois. Il n’y avait pourtant pas le feu au lac. L’ASSE mène le championnat de France, comme d’habitude depuis 1967. Carnus, Bosquier, Herbin, Keita, Bereta, Revelli sont les maîtres de la France. Certes, ils sont revenus bredouilles de Strasbourg (0-1) mais les champions ont de l’orgueil et le 4 mai, Metz paye l’addition: 6-0 à Geoffroy-Guichard.
L’attaque est prolifique et la défense solide. Mais trois membres de la ligne arrière sont en fin de contrat: Wladimir Durkovic, Bernard Bosquier et le gardien de but Georges Carnus. Les bruits circulent et Bosquier s’explique dans la presse:
"On dit que j’ai 90 chances sur 100 d’aller à Marseille, 90 de devenir Parisien et 90 d’aller à Rennes. Cela fait beaucoup de chances. J’ai des propositions, c’est vrai. Mais pour l’instant, je suis Stéphanois et j’ai quelques devoirs envers le public".

De son côté, Roger Rocher, en bon entrepreneur, préfère prévenir:

"Nous allons jouer tous nos matches de la saison comme celui de Metz. C’est un contrat que nous avons passé avec les joueurs: pas de traînard".

C’est vrai, contre Metz, les Verts ont répondu présent, appliquant à merveille le jeu tout en mouvement préconisé par Albert Batteux.


Bordeaux vient de se sauver de la relégation et a donc l’esprit libre. L’esprit libre mais les cuisses dures: les Girondins viennent de jouer en Coupe de France. Les Bordelais, tout le monde les connaît, jouent depuis des années le béton. Le robuste et rugueux arrière-verrouilleur Desremeaux illustre cet état d’esprit et cette conception du jeu venu d’Italie. La défense est expérimentée avec les Papin, Dubouil et compagnie. Keita trouvera Grabowski sur son passage, à lui de jouer sur sa vitesse. Devant, Ruiter a déjà causé des soucis aux Verts. Méfiance, donc.

Pendant ce temps, l'OM concède le nul à Lyon...
Non le principal souci stéphanois ne se nomme pas Bordeaux. Dans la semaine, les bruits enflent. Gérard Simonian s’en fait l’écho, avec raison, dans La Tribune-Le Progrès du 6 mai: "Razzia spectaculaire sur l’AS Saint-Étienne. Carnus (certain), Bosquier (probable) à Marseille la saison prochaine"

La bombe est lâchée. En plein championnat, on apprend que certains joueurs rejoindront l’ennemi la saison suivante.
Carnus se défend mais ne dément pas: "J’ai choisi dès que Marseille s’est mis sur les rangs. Les propositions de M. Rocher étaient très acceptables mais j’avais l’occasion de me rapprocher de ma famille avec les mêmes avantages".
Vis-à-vis du public, "je peux prendre un but idiot mais je fais confiance à l’intelligence d’un public composé en majorité d’anciens footballeurs. Il doit savoir que ça arrive".

Saint-Etienne - Bordeaux 2 - 3 Cauchemar à Geoffroy-Guichard
Les verts mènent 2 - 1.
Camérini vient de mettre Ruiter à terre. Coup franc.
Desremeaux tire en force dans le mur.
La balle, déviée, passe quand même. Carnus pris à contre-pied s’interpose du pied mais Jensen suit et se jette. 2-2, stupeur à Geoffroy Guichard.
Pourtant Bordeaux ne pousse pas plus, se contente du nul. Le public s’ennuie entre des visiteurs satisfaits et des locaux qui déjouent complètement.
Nous jouons la 81e. Jensen centre. La défense est statique, Carnus ne bouge pas, tout le monde croit au hors-jeu.
Pas Ruiter qui marque, ni l’arbitre. 2-3, score final.
Le ciel tombe sur les têtes stéphanoises. Dans le contexte du transfert annoncé de Carnus et Bosquier, la défaite débouche sur la polémique.
La pire que le club ait connue. Rocher ne fait rien pour l’apaiser: "Je n’accuse pas Carnus ni Bosquier, j’accuse le contrat à temps qui démobilise les joueurs avant terme".
Et l'OM sera Champion!
8 mai 1971, stade Geoffroy-Guichard
Buts ASSE: Keita (29e), Bereta (37e).
Bordeaux: Ruiter (42e et 81e), Jensen (75e)

ASSE Carnus - Camérini, Bosquier, Durkovic, Farison - Broissart, Herbin - Szamardjic, Bereta, Keita, Revelli.
Girondins de Bordeaux
Rigoni - Papin, Desremeaux, Dubouil, Rostagni - Giresse, Grabowski - Jensen, Burdino, Petyt, Ruiter.