Le Mondial de Mexico aurait pu être la Coupe du Monde de Michel Platini,
mais le stratège de la Juventus et de l'équipe de France le joua blessé.
Ce fut celui de Diego Armando Maradona.
Jamais, même avec Pelé et le Brésil, une équipe ne fut aussi dépendante
d'un joueur pour gagner le trophée mondial.
L'organisation de la 13ème édition de la Coupe du Monde de la FIFA est
attribuée au Mexique, qui devient du coup le premier pays à avoir accueilli
la compétition deux fois. Cependant, les Mexicains n'étaient pas le premier
choix. C'est la Colombie qui avait été plébiscitée, mais elle avait annoncé
en 1983 qu'elle n'avait plus les moyens de recevoir le grand messe du football
mondial. De terribles tremblements de terre secouent le pays aztèque juste
avant l'épreuve, mais les stades tiennent parfaitement, ce qui motive la
poursuite des préparatifs.
Les Mexicains ont failli être privés de Coupe du Monde de la FIFA par un
violent séisme qui a tué près de 20 000 personnes, mais ils ont décidé
de poursuivre l'aventure.
La formule de la compétition est revue et corrigée avec retour à l'élimination
directe à partir des huitièmes de finale ce qui semble satisfaire tous
ceux qui n'ont pas envie de revivre les calculs opérés au second tour à
l'occasion des éditions de 74 et 78 ou 82.
Diego Armando Maradona mène l'Argentine jusqu'en finale, où elle se débarrasse
de la RFA (3-2) devant 115 000 spectateurs massés au Stade Aztèque.
Ce tournoi a vu se dérouler de belles parties avec de jolis buts, les équipes
les plus attrayantes sur le plan du jeu restent l'URSS, le Danemark et
la France.
En qualité de tenant du titre l'Italie ouvre le feu contre la Bulgarie
devant les 110 000 spectateurs du stade Aztèque.
Elle ne compte plus que cinq champions du monde (Bergomi, Scirea, Cabrini,
Conti, Altobelli) et son match nul sonne comme un avertissement.
Altobelli ouvre le score mais les Bulgares égalisent par Sirakov à 5 minutes
de la fin.
L'une des plus grandes surprises vint de la Corée du sud tenant tête au
champions sortant Italiens avant de céder sur le score de 3-2.
L'Argentine de Maradona passe sans embuche le premier tour, Diego égalisant
contre les Italiens.
L'équipe de France quant à elle, joue son premier match à Léon contre le
Canada, un adversaire qui ne semble pas présenter de difficultés particulières.
Il est pourtant coriace et bien plus que prévu, et comme Papin manque de
réussite, les Bleus ne sont pas à l'abri d'un coup dur.
Ce n'est qu'à dix minutes de la fin que JPP marque enfin au grand soulagement
du sélectionneur Henri Michel.
La France se place sur de bons rails, obtient un bon nul face à l'URSS
teintée aux couleurs du Dinamo de Kiev.
Les Soviétiques ont atomisé les Hongrois 6 à 0 dans ce groupe très "Hockey
sur glace", comme l'a si bien dit Joel Bats au moment du tirage au
sort.
Il faut que Luis Fernandez joue les sauveurs pour égaliser à l'heure de
jeu.
La France l'emporte largement face à la Hongrie (3-1) avec la révélation
de Yannick Stopyra qui va s'imposer comme avant-centre au détriment de
Jean-Pierre Papin.
Comme JPP ne jouera pas les Coupes du Monde de 1990 et 1994 (ah ce France
Bulgarie), notre Papin national n'aura pas connu la réussite lors des Coupes
du Monde, même s'il marquera pour le match des coiffeurs contre le Belgique.
Le Maroc fit aussi impression en sortant en tête d'un des groupes les moins
inspirés devant l'Angleterre et la Pologne.
Il faut souligner la performance du Maroc, qui devient le premier pays
africain à se qualifier pour le second tour de la phase finale.
Le Maroc sort même premier de son groupe à côté de l'Angleterre, la Pologne
et le Portugal.
Les Marocains s'inclineront face à la RFA 1 à 0 en huitième de finale sur
un but de Lothar Matthäus à 3 minutes de la fin.
Dans l'équipe Marocaine, on retrouve notre vieille connaissance Krimau
mais surtout un grand gardien, le capitaine Zaki.
Notons, dans ce même groupe, la grève des joueurs portugais suite à leur
victoire lors de la première rencontre face à l'Angleterre 1 à 0.
Réclamant une hausse de leur rémunération auprès de la Fédération Portugaise
de Football (F.P.F.), l'équipe titulaire fut finalement sacrifiée, laissant
place à l'équipe des coiffeurs lors des deux derniers matchs de poule,
soldés par des défaites.
Heureusement pour les Anglais, ils se reprennent après leur défaite Portugaise,
font match nul contre le Maroc mais atomise la Pologne avec un grand Lineker,
auteur d'un hat-trick.
Le Danemark et l'Allemagne de l'ouest sortirent du « groupe de la mort
» malgré le bon jeu des Uruguayens et la ténacité des Écossais.
A noter que la RFA ne remporte qu'un seul match contre l'Ecosse (2-1),
avec deux buts de deux futurs Olympiens, Klaus Allofs et Rudi Voller.
Les Uruguayens se qualifient parmi les meilleurs troisièmes avec le fabuleux
Enzo Francescoli, futur Marseillais lui aussi.
Le Mexique, nation organisatrice, débute en fanfare contre la Belgique
et s'impose 2 à 1.
Avec Sanchez, l'avant-centre du Real de Madrid, les Mexicains sont accrochés
par le Paraguay (1-1) et s'imposeront difficilement contre l'Irak 1 à 0
pour se qualifier.
Pour le Brésil, on prend les mêmes et on recommence.
Les Brésiliens remportent leurs trois matches face à l'Espagne (1-0), l'Algérie
(1-0) et l'Irlande du Nord (3-0).
Par rapport à 1982, le milieu a été renforcé par Elzo et Alemao, mais Socrates
et Zico sont toujours là.
Devant, on note la puissance de Careca.
L'Espagne se qualifie aussi mais l'Algérie est la grande déception de cette
poule (un nul et deux défaites), bien loin de son niveau de 1982.
Direction des huitièmes de finale dont la distribution ne manque pas de
saveur avec Belgique-URSS, Brésil-Pologne, Mexique-Bulgarie, Argentine-Uruguay,
Maroc-RFA, Espagne-Danemark, Angleterre-Paraguay et un France-Italie au
centre duquel se trouve l'inévitable Michel Platini le roi de la Juventus
de Turin.
A l'Olimpio de Mexico City, le 17 juin, l'équipe de France inscrit au terme
du premier quart d'heure un but d'une grande limpidité du pied de Platini
qui exploite une remise parfaite de Rocheteau consécutive à une passe de
Fernandez.
L'affaire est bien engagée, d'autant plus que la Squadra se montre complètement
désorientée par le caractère très italien de son adversaire.
Une action Rocheteau-Tigana-Rocheteau offre à Stopyra le second but des
Bleus et l'affaire est pliée.
L'équipe de France élimine un triple champion du monde (34-38-82), et atteint
pour la quatrième fois de son histoire les quarts de finale de la compétition
(38-58-82-86).
Dans les autres huitièmes de finale, les favoris s'imposèrent à l'exception
de l'URSS, battue par la Belgique après prolongation, et surtout du Danemark,
étrillé 5-1 par l'Espagne.
La suspension de leur vedette Frank Arnesen lors du dernier match de poule
face à la RFA est sans doute l'une des raisons de l'échec d'un des épouvantails
de la compétition.
Le Brésil, l'Argentine, l'Angleterre et le Mexique atteignent eux aussi
les quarts de finale.
En quart de finale, la France retrouve le Brésil qui vient de faire forte
impression face à la Pologne (4-0) et qui est considéré comme le favori
du tournoi.
Il justifie cette étiquette en ouvrant rapidement le score à la suite d'un
décalage collectif éblouissant qui permet à Careca de battre Bats.
Mais la France rétablit aussitôt son équilibre collectif mis en péril par
cette réussite initiale et Michel Platini qui fête ce jour-là son trente-et-unième
anniversaire, égalise avant la mi-temps.
C'est le début d'un formidable bras de fer entre deux équipes qui se livrent
sans retenue.
La France et le Brésil offrent l'un des plus beaux spectacles de la Coupe
du Monde, chacune allant au bout de son talent et de ses ressources.
Joel Bats signe une prestation extraordinaire, arrêtant notamment un penalty
de Zico douze minutes avant la fin du temps réglementaire.
La prolongation ne livre pas sa vérité et il faut recourir à la séance
des tirs au but.
Après une séance de tirs au but à couper le soufle (1-1 à la fin des prolongations,
4-3 aux t-à-b), c'est Luis Fernandez qui libère toute la France après que
Michel Platini eut expédié son tir au but au-desus.
Ce match est lui aussi entré dans l'histoire, de la main de Dieu à l'un
des plus beau but de l'histoire du football.
Diego entre dans la légende qui ne le quittera plus.
Mais on ne l'arrête plus et pas davantage la Belgique qui est elle aussi
victime de ce sublime gaucher que certains n'hésitent pa sà comparer à
un extra-terrestre.
Maradona marque encore deux buts et atteint les sommets dans cette demi-finale
joué par Erik Gerets.
La demi-finale qui oppose la France à l'Allemagne ne peut pas échapper
aux souvenirs de Séville, à cette nuit à la fois magique et pleine de regrets,
à Schumacher, aux penalties, à la cruelle désillusion qui s'est emparée
de la France du football, comme une chape de plomb.
L' équipe de France n'a pas deux solutions pour parvenir en finale : ou
elle élève d'un cran le niveau de ses performances comme face à l'Italie
et au Brésil, ou elle manque d'énergie et d'ardeur faute de ressources
physiques suffisantes.
Elle tombera sous les coups d'une Allemagne certes pas géniale mais toujours
présente dans les grandes occasions.
Par Brehme, puis Völler en fin de match, elle ruine tous les espoirs des
Français qui ratent une occasion historique (quatre ans apres Seville)
d'accéder à la finale.
Les Français battront la Belgique 4 à 2 pour la 3eme place avec des buts
de Ferreri, Papin, Genghini et Amoros.
L'Argentine que personne n'a réussi à battre et qui possède un champion
hors catégorie, retrouve donc l'Allemagne qui participe à la cinquième
finale de son histoire qui est aussi sa cinquième en neuf éditions depuis
1954.
Franz Beckenbauer choisit de confier la surveillance de Maradona à Matthaüs
ce dont il s'aquitte plutôt bien.
Mais, dans ses plans, le sélectionneur allemand ne s'imagine pas que le
gardien de but Harald Schumacher, considéré comme l'un des meilleurs spécialistes
du poste au monde, va connaître deux terribles défaillances qui coûteront
deux buts.
Dans un sursaut d'énergie, l'Allemagne revient au score à un gros quart
d'heure de la fin, puis égalise aussitôt. Diego Maradona qui ne cherche
pas à éblouir la foule et qui se mue en serviteur lance alors son ami Burruchaga
pour le but de la victoire.
C'est fini, seize ans après Pelé sur cette même pelouse du stade Aztèque
il obtient le titre suprême formidable récompense pour un footballeur exceptionnel
PREMIER TOUR (groupe C)
1er juin 1986 à Léon
FRANCE - CANADA : 1-0 (0-0)
35 000 spectateurs/Arbitre : M. Silva (Chili).
But : Papin (79e) pour la France
FRANCE : Bats - Bossis, Amoros, Battiston, Tusseau - Tigana, Giresse, Platini,
Fernandez - Rocheteau (Stopyra, 69e), Papin
CANADA : Dolan - Lenarduzzi, Bridge, Samuel, Wilson, Ragan, Sweeney (Lowery,
54e), Norman, James (Segota, 82e), Valentine, Vrablic
Papin qui a signé à l'OM va marquer l'unique but de la rencontre.
Il récidivera contre la Belgique.
5 juin 1986 à Léon
FRANCE - URSS : 1-1 (0-0)
37 000 spectateurs/Arbitre : M. Arppi Filho (Brésil).
Buts : Rats (54e) pour l'URSS ; Fernandez (62e) pour la France
FRANCE : Bats - Battiston, Ayache, Bossis, Amoros - Tigana, Fernandez,
Platini, Giresse (Vercruysse, 83e) - Papin (Bellone, 77e), Stopyra
URSS : Dassaev - Bessonov, Larionov, Kuznetsov, Demianenko, Yaremchuk,
Aleinikov, Zavarov (Blokhine, 60e), Yakovenko (Rodionov, 70e), Belanov,
Rats
9 juin 1986 à Léon
FRANCE - HONGRIE : 3-0 (1-0)
30 000 spectateurs/Arbitre : M. Valente (Portugal).
Buts : Stopyra (30e), Tigana (64e), Rocheteau (85e) pour la France
FRANCE : Bats - Battiston, Ayache, Bossis, Amoros, Tigana, Giresse, Platini,
Fernandez, Papin (Rocheteau, 62e), Stopyra (Ferreri, 71e).
HONGRIE : Disztl - Kardos, Sallai, Garaba, Roth, Dajka, Detari, Varga,
Hannich (Nagy, 46e), Esterhazy, Kovacs (Bognar, 66e).
HUITIEME DE FINALE
17 juin 1986 à Mexico-City
FRANCE - ITALIE : 2-0 (1-0)
60 000 spectateurs/Arbitre : M. Esposito (Argentine).
Buts : Platini (15e), Stopyra (58e) pour la France
FRANCE : Bats - Battiston, Ayache, Bossis, Amoros, Tigana, Giresse, Platini
(Ferreri, 86e), Fernandez (Tusseau, 75e), Stopyra, Rocheteau
ITALIE : Galli - Scirea, Bergomi, Vierchowod, Cabrini, Bagni, Baresi (Di
Gennaro, 46e), De Napoli, Conti, Altobelli, Galderisi (Vialli, 58e).
QUART DE FINALE 21 juin 1986 à Guadalajara
FRANCE - BRESIL : 1-1 a. p. (1-1, 1-1) France vainqueur 4 tirs au but à
3
68 000 spectateurs/Arbitre : M. Igna (Roumanie).
Buts : Careca (18e) Platini (42e)
Tirs au but : Socrates (m), Stopyra (r), Alemao (r), Amoros (r), Zico (r),
Bellone (r), Branco (r), Platini (m), Julio Cesar (m), Fernandez (r)
FRANCE : Bats - Amoros, Battiston, Bossis, Tusseau - Giresse (Ferreri,
84e), Tigana, Platini, Fernandez - Rocheteau (Bellone, 101e), Stopyra.
BRESIL : Carlos - Josimar, Julio Cesar, Edinho, Branco - Elzo, Socrates,
Alemao, Junior (Silas, 91e) - Müller (Zico, 72e), Careca.
DEMI-FINALE
25 juin 1986 à Guadalajara
RF ALLEMAGNE - FRANCE : 2-0 (1-0)
50 000 spectateurs/Arbitre : M. Agnolin (Italie).
Buts : Brehme (9e), Völler (90e) pour la RFA.
RF ALLEMAGNE : Schumacher - Brehme, Jakobs, K.-H. Förster, Briegel - Matthäus,
Magath, Rolff, Eder - K.-H. Rummenigge (Völler, 58e), K. Allofs.
FRANCE : Bats - Ayache, Battiston, Bossis, Amoros - Giresse (Vercruysse,
72e), Tigana, Platini, Fernandez - Bellone (Xuereb, 66e), Stopyra.
MATCH DE CLASSEMENT
28 juin 1986 à Puebla
FRANCE - BELGIQUE : 4-2 a. p. (2-1, 2-2)
22 000 spectateurs/Arbitre : M. Courtney (Angleterre).
Buts : Ceulemans (11e), Claesen (73e) pour la Belgique. Ferreri (27e),
Papin (43e), Genghini (103e), Amoros (109e s.p.) pour la France.
FRANCE : Rust - Bibard, Le Roux (Bossis, 55e), Battiston, Amoros - Tigana
(Tusseau, 83e), Ferreri, Genghini, Vercruysse - Papin, Bellone. Entr. :
H. Michel.
BELGIQUE : Pfaff - Gerets, Demol, Renquin (Frank Van der Elst, 46e), Vervoort
- Scifo (Leo Van der Elst, 64e), Grün, Mommens, Ceulemans - Veyt, Claesen.